Dans les méandres de l’histoire urbaine du 19e siècle, un homme a pris la plume pour défendre avec passion l’idée de la pelouse comme élément essentiel du paysage suburbain: Frank Scott. En 1886, dans son ouvrage intitulé « The art of beautifying suburban home grounds of small extent », Scott a délivré un plaidoyer puissant en faveur de la pelouse, visant à convaincre les familles modestes de l’importance esthétique et économique de cet élément paysager.
À une époque où les banlieues émergeaient comme des havres de tranquillité pour la classe moyenne urbaine, Scott a saisi l’opportunité de partager ses idées novatrices sur l’aménagement paysager. Il ciblait principalement ceux qu’il décrivait comme « ni les plus riches, ni les plus pauvres, mais principalement la vaste classe des urbains », cherchant à élever leurs sensibilités esthétiques au-delà des nécessités matérielles du quotidien.
Scott défendait ardemment l’idée que la pelouse bien entretenue était le joyau ultime du jardin de banlieue.
Pour lui, elle incarnait la quintessence de la beauté, offrant un cadre apaisant et harmonieux pour les maisons modestes. Mais Scott allait plus loin en avançant un argument économique convaincant: contrairement aux potagers, les pelouses, les arbres et les fleurs fournissaient un retour sur investissement constant en nourrissant l’âme et en égayant les yeux des résidents, tout en étant relativement peu coûteux à entretenir.
Malgré la passion et la logique de l’argumentation de Scott, la pelouse n’a pas immédiatement conquis les cœurs et les jardins des banlieues du 19e siècle. Les contraintes financières et les défis logistiques de l’époque ont entravé sa popularité, en particulier parmi les classes ouvrières pour qui les considérations pratiques l’emportaient souvent sur les considérations esthétiques.
Cependant, le plaidoyer pour la pelouse de Scott a été durable.
Ses idées ont semé les graines d’une révolution paysagère qui allait éclore au fil des décennies suivantes, transformant progressivement les banlieues en havres verdoyants et accueillants. Même si les petits terrains des banlieues du 19e siècle ne reflétaient pas toujours les visions idéalisées de Scott, ses écrits ont contribué à élever le statut de la pelouse dans l’imaginaire collectif et ont posé les fondements d’une culture paysagère moderne où la pelouse est devenue un élément central.
Ainsi, l’héritage de Frank Scott réside non seulement dans ses mots captivants, mais aussi dans la façon dont il a contribué à façonner notre conception contemporaine de la banlieue et du jardinage. Son plaidoyer pour la pelouse reste un témoignage vivant de l’impact que des idées audacieuses et visionnaires peuvent avoir sur la transformation de notre environnement urbain.