Les haies de campagne sont souvent plus diversifiées, plus étendues et plus sauvages que leurs homologues urbaines soigneusement taillées. La plupart des haies sont constituées d’arbres, d’arbustes, de graminées ou d’un mélange de ces éléments. Mais leur forme et leur composition varient beaucoup d’un endroit à l’autre. Quoi qu’il en soit, les haies abritent un écosystème qui soutient également une communauté écologique plus large. Dans les écosystèmes des bocages vivent de nombreuses espèces animales et végétales.

Planter et gérer une haie pour la biodiversité

« Le meilleur moment pour planter un arbre, c’est il y a 20 ans ; le deuxième meilleur moment, c’est maintenant ». Proverbe chinois

La conception d’une haie dépend de l’espace disponible et des fonctions qu’elle doit remplir.

Avantages des haies pour la biodiversité dans les exploitations agricoles

Contrôle des ravageurs des cultures :

On retrouve dans les haies beaucoup d’auxiliaires pour les cultures. Parmi eux, on peut citer les oiseaux et chauve-souris insectivores, les rapaces carnivores, les reptiles, les araignées, les insectes phytophages… qui vont réguler par prédation ou parasitisme les populations de ravageurs (pucerons, campagnols…).

Ils ne vont pas totalement les éradiquer mais vont les maintenir à un niveau plus faible et donc cela va limiter les pertes économiques pour l’agriculteur. C’est un équilibre naturel qui s’établit ou se ré-établit entre proies et prédateurs.

Il faut savoir que le recours à des insecticides chimiques ne va pas uniquement détruire les populations d’insectes nuisibles, les auxiliaires vont aussi disparaître et l’équilibre naturel va lui aussi s’estomper. De plus, leur utilisation génère des résistances chez les insectes ravageurs obligeant l’utilisation de nouvelles molécules de plus en plus dévastatrices.

Fournir du nectar aux pollinisateurs

Les plantes à fleurs des haies, qu’il s’agisse de plantes herbacées, d’arbustes ou d’arbres, peuvent fournir du nectar et du pollen pendant toute la saison de croissance. Cet approvisionnement tout au long de la saison permet de combler les lacunes lorsque les plantes cultivées ne fleurissent pas. Alors que les abeilles domestiques peuvent vivre de miel et de pollen stockés, la plupart des pollinisateurs ne stockent pas de nourriture et ont besoin d’un approvisionnement constant. Sans un approvisionnement constant, ils se réfugient ailleurs.

Parmi les pollinisateurs, on trouve notamment certains insectes qui s’attaquent aux chenilles et autres « nuisibles », comme les mouches tachinaires, parasites et prédatrices et les guêpes parasitoïdes. On trouve également dans les haies un certain nombre d’arthropodes prédateurs, notamment des punaises, des mouches syrphides, des guêpes, des coccinelles, des punaises, des chrysopes et des araignées.

Pollinisation de certaines cultures

La haie va attirer des insectes pollinisateurs grâce aux arbres et arbustes mellifères et aux fleurs des herbacées. La fructification va être accrue ce qui va entraîner des gains de rendement (tournesol, protéagineux, légumes…).

Offrir des baies aux oiseaux

De nombreux oiseaux insectivores mangent des baies des haies lorsque la quantité d’insectes est faible. Ainsi les arbres et arbustes qui produisent des baies peuvent contribuer à maintenir des populations d’oiseaux en vie. Les oiseaux consomment aussi de nombreux insectes et parasites comme par exemple les pucerons, les cochenilles, les cicadelles, les cochenilles, les acariens, les mouches blanches, les punaises, les thrips, les punaises des courges, les punaises puantes, les pyrales, les vers de l’épi du maïs et autres chenilles.

Proposer des sites de nidification

Dans les haies, les arbres offrent des sites de nidification et de repos aux faucons et aux hiboux, dont les proies rongeurs sont un souci majeur pour de nombreux agriculteurs. Les mammifères prédateurs de rongeurs comme les coyotes, les renards et les belettes apprécient aussi de pouvoir s’abriter dans les haies. Les oiseaux insectivores et les chauves-souris peuvent trouver des sites de nidification dans les haies.
Les serpents et autres reptiles qui s’attaquent aux insectes et aux rongeurs apprécient également l’habitat de la lisière boisée.

Avantages des haies urbaines et suburbaines pour la biodiversité

Même une haie de troènes ou du thuya bien entretenue peut offrir un avantage minimal en termes de biodiversité. Cependant, une haie urbaine entretenue en tenant compte de la biodiversité peut faire beaucoup plus.

La haie urbaine ne comprendra probablement pas d’arbres et n’attirera donc pas les espèces qui nichent ou se perchent dans les grands arbres. Cependant, avec un choix judicieux de plantes, la haie urbaine peut fournir un approvisionnement régulier en nectar pour les pollinisateurs ainsi que pour les prédateurs et les auxiliaires, ainsi que des sites de nidification et des abris pour les oiseaux, y compris ceux qui mangent les  » nuisibles  » du jardin. La haie urbaine peut également être une source alternative de nourriture pour les oiseaux insectivores. Elles peuvent aussi être un élément attrayant pour les oiseaux et les papillons.

Planter et gérer une haie brise-vent pour protéger son exploitation agricole.

Les haies brise-vent sont de grande taille et denses. Elles protègent les fermes et les cultures contre les dommages causés par le vent et les produits chimiques agricoles qui peuvent être transportés sous forme de particules de poussière.

Les haies brise-vent conçues pour protéger des vents d’hiver doivent comporter davantage d’arbres à feuilles persistantes que celles conçues pour protéger des vents secs et de la poussière en été. Une haie brise-vent conçue pour l’hiver doit comporter au moins deux rangées d’arbres à feuilles persistantes et une rangée d’arbres ou d’arbustes à feuilles caduques. Un brise-vent d’été doit comporter au moins une rangée de grands arbres à feuilles caduques et une rangée d’arbustes à feuilles caduques. En général, les rangées d’arbres et d’arbustes sont plantées à une distance d’au moins 3 à 5 mètres les unes des autres afin de laisser de la place aux arbres pour leur croissance.

Pour servir de source de nectar aux pollinisateurs, la haie brise-vent doit également contenir des plantes vivaces. Les avantages pour la biodiversité seront multipliés si la haie relie d’autres haies. Surtout si elle fait le lien avec une zone riveraine ou une autre source d’eau. Le choix des espèces dépend de votre situation géographique.

Les espèces indigènes s’établissent généralement mieux. Ellles servent aussi aux pollinisateurs et autres animaux indigènes. Également, elles sont moins susceptibles d’interférer avec d’autres plantes. Certains pépiniéristes vendent parfois des semis à prix réduit pour les brise-vent et les plantations destinées à la faune sauvage.

Quelques propositions de gestion pour améliorer la biodiversité

Créer ou maintenir des haies tristrates et composites

La structure de la haie est très importante, notamment pour les oiseaux. Le peuplement des oiseaux varie en fonction de la hauteur de la haie et du nombre de strate.

Il est donc intéressant d’avoir une haie tristrate.

  1. La première est appelée la strate herbacée. Elle est composée généralement d’espèces fleuries, de graminées et de légumineuses. Située au plus près du sol, cette partie est la première à se développer.
  2. Au-dessus, la strate arbustive contient des arbustes qui rendent les haies plus larges et touffues. Pour la  strate arbustive vous pouvez planter de l’aubépine, du prunellier, de la ronce, du lierre, ou encore du noisetier. La bourdaine, le cornouiller sanguin, le fusain d’Europe, le nerprun purgatif, la ronce, le lierre, le sureau noir… offrent une nourriture recherchée par la faune. Le chèvrefeuille des bois est apprécié des herbivores et tout particulièrement du chevreuil qui lui a valu son nom.
  3. Enfin la dernière strate à se développer, qui est aussi la plus haute, est la strate arborée. Elle comporte par exemple des tilleuls ou des frênes. Il peut être intéressant d’avoir des arbres au feuillage persistant ou semipersistant l’hiver comme le charme, le troène ou le houx créant un bon couvert pour abriter la faune.

Le fait d’avoir 3 strates permettra à plus d’oiseaux d’y trouver refuge.

Les essences mellifères qui attireront les insectes pollinisateurs sont également à favoriser : saules, aubépines, tilleuls, prunelliers… Il est toutefois recommandé de ne pas planter d’aubépine à moins de 500 m des vergers car celle-ci abrite la bactérie du feu bactérien.

Planter des essences locales, variées.

Créer ou maintenir des connexions entre haies et entre haies et bosquets

Une haie isolée aura un faible impact sur la biodiversité.

L’intérêt du bocage pour la faune et la flore est d’autant plus grand que les haies sont connectées entre elles facilitant les déplacements et les rencontres entre individus (brassage génétique). La haie joue alors le rôle de corridor biologique pour ces animaux. Dans un maillage bocager, 70 % des oiseaux vont se cantonner à l’intersection des haies, l’ambiance forestière étant plus forte à cet endroit.

Le troglodyte et le rouge-gorge vont par exemple être mieux représentés dans ces zones.

C’est pourquoi il est intéressant que les haies puissent être connectées à des bois toujours pour permettre aux espèces de se déplacer sans quitter le milieu.

Consultez mes autres articles sur les haies pour tout savoir sur le sujet ! Vous savez (presque) tout sur les haies au jardin. À vous de les composer maintenant !

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