En permaculture, on parle souvent des zone 0 à 5, mais on parle assez peu de la zone 00. Pourtant c’est d’ici que tout part. La zone 00, c’est nous. Les humains derrière les projets. Et si on oublie de consacrer du temps, de réflexion, et de l’investissement pour les fondations de notre projet, alors celui-ci sera bancal. Il est donc primordial de prendre le temps de concevoir pour votre zone 00 avant toute chose !
Pour concevoir votre zone 00, il faut faire connaissance avec vous-même.
Vous allez me dire que c’est le travail d’une vie. C’est pas faux. Mais pour concevoir votre projet le mieux possible, il faut se connaitre le plus possible. Pour cela, il faut que vous preniez rendez-vous avez vous-même. C’est-à-dire qu’il faut prendre le temps, de faire une pause. Afin de s’interroger sur qui on est, ainsi que sur qui est-ce qu’on voudrais être.
Voici comment concevoir votre zone 00 en mode permaculture
1. Développez vos capacités d’observation
Dans les cultures (que l’on appelle généralement « occidentales ») vous poussent à toujours « tirer le meilleur parti » de votre temps. Pour cela, il faut être occupé en permanence à faire des choses. Dans ce contexte il est souvent difficile de prendre le temps d’être et d’observer.
Mais comme pour la conception d’un jardin, d’une ferme, d’une ville ou d’une organisation à but non lucratif, si vous voulez que votre travail soit utile, vous devez passer beaucoup de temps à observer pour comprendre ce qui se passe et pourquoi est-ce que ça se passe de cette façon là.
Ainsi, pour concevoir votre zone 00, votre paysage intérieur, vous devez vous observez :
Posez-vous des questions : que mangez-vous ? Comment vous sentez-vous ? Que faites-vous de votre temps libre ? Comment dormez-vous ? Comment réagissez-vous aux changements ? Quand est-ce que vous vous sentez le plus énergique ? Quelles sont les situations qui vous stressent ?
La récolte de toutes ces « données » vous aidera ensuite à voir ce qui fonctionne déjà bien, à identifier ce qui doit être amélioré et ce qui doit être complètement changé.
2. Explorez et comprendre vos propres schémas
Une part importante de l’étude de la permaculture consiste à apprendre à reconnaître, à comprendre et à exploiter les modèles de la nature. Mais dans notre monde hyper-connectés, nous sommes souvent profondément déconnectés des cycles naturels mais également de notre propre nature… Et je ne parle pas seulement de notre biologie cyclique évidente en tant que femmes !
Cela peut paraître évident à dire, mais on ne peut pas changer quelque chose dont on ignore l’existence, le fondement et le principe. On ne peut pas changer une mauvaise habitude avant de l’avoir repérée et d’avoir compris ce qui la déclenche.
Pourtant, aussi évident que cela puisse paraître, combien de temps avez-vous passé à observer vos propres schémas comportementaux ces derniers temps ?
Avez-vous réussi à identifier le fonctionnement de cette mauvaise habitude dont vous aimeriez vous débarrasser ?
Pouvez-vous identifier vos schémas de pensée négatifs (et positifs) ?
Pouvez-vous identifier vos schémas relationnels ?
Ensuite, comment pourriez-vous les modifier, ne serait-ce qu’un tout petit peu, pour les rendre (plus) bénéfiques ?
Enfin, comment pourriez-vous abandonner cette mauvaise habitude ?
Oui, c’est aussi de l’observation ; associée à une réflexion systémique de base !
3. Observez attentivement la meilleure façon de répondre à vos besoins
Comme vous l’avez peut-être deviné, nous avons tous des besoins. Une diversité de besoins. Et je ne parle pas de cette pyramide sans intérêt dont vous avez très probablement entendu parler. Je parle des besoins de la vie réelle, qui fluctuent, se chevauchent et sont complexes.
C’est une chose à laquelle la plupart d’entre nous ne réfléchissent jamais.
Quels sont réellement nos besoins ?
Quels sont ceux que nous ne satisfaisons pas ?
Et, plus important encore, comment les satisfaisons-nous ?
Comment envisageons-nous le processus de satisfaction de ces besoins ?
Comme nous n’avons que très de « temps de cerveau disponible », nous prenons rarement le temps de se poser ce type de question. Souvent nous achetons parfois des choses, uniquement parce que des campagnes marketing nous on fait croire que l’on en avait absolument besoin.
La conception de notre paysage intérieur vous incite à nous arrêter. Elle nous invite à reconnaître nos propres besoins et à trouver les meilleurs moyens de les satisfaire.
Peut-être que passer du temps avec un ami serait plus efficace dans votre situation qu’une énième barre de chocolat ?
Ou changer d’amis fonctionne mieux que de boire autant d’alcool « pour s’amuser » ?
4. Créer un point d’ancrage auquel revenir régulièrement
Oui, je sais, je parle beaucoup de contexte. Mais vraiment, vous aussi, vous devriez prendre le contexte au sérieux. Je veux dire, le contexte est tout. Vraiment tout. Et il évolue en permanence. Parfois dans de petites proportions, si petites qu’il est difficile de remarquer que quelque chose a changé. Et parfois, le système auquel vous étiez habitué passe d’un état à un autre, et pfffuit, l’ancien contexte ? Disparu !
Comment faire face à cela ?
Certains d’entre nous connaissent des changements soudains et/ou progressifs. Le fait d’avoir un point d’ancrage auquel revenir de temps en temps, comme votre zone 00, peut vous procurer un sentiment de sécurité dans le sens où, quoi qu’il arrive, vous savez comment parvenir à retrouver un état de calme et de plénitude.
5. Se concentrer sur les points forts
En tant qu’humains – ou plus probablement en tant qu' »occidentaux » ! - avons cette tendance à nous concentrer sur ce que les autres devraient améliorer ou arrêter de faire. On se dit souvent » ah si seulement les gens arrêtaient d’être comme ça, le monde irait mieux ! ». Cependant, vous ne pouvez pas changer les autres.
Et même si vous parvenez à supprimer sous la contrainte un comportement problématique chez quelqu’un, dès que vous cessez d’exercer cette contrainte, ce même comportement reviendra – et probablement même en pire qu’avant. Et vous finirez par être exténué. C’est dommage de gaspiller autant d’énergie pour si peu de résultats. Alors mettez votre énergie ailleurs !
En revanche, nous avons le pouvoir sur nous-mêmes, nos habitudes, nos schémas de pensée, etc. Nous pouvons nous engager à changer.
On faisant l’effort et le travail de changer consciemment nos comportements, cela nous rend plus résilients, plus forts, plus confiants. En utilisant cette opportunité pour nous concentrer sur notre lieu de plus grande influence, nous devenons de plus en plus capables de modifier ce qui nous entoure – directement ou indirectement.
6. Établir des objectifs et une vision clairs pour vous-même
Établir des objectifs et une vision pour soi-même est un exercice intéressant. Avez-vous déjà essayé ? À quoi cela ressemble-t-il d’avoir « une vision pour vous-même » ? Par où commencer ? Eh bien, si vous posez vraiment la question, je répondrais « là où vous en êtes ».
Avoir une vision et des objectifs pour vous-même peut sembler prétentieux, surtout si vous n’êtes pas du genre à vous imaginer, disons, successeur officiel de la reine d’Angleterre. Mais cela n’a pas besoin d’être prétentieux. Il peut simplement s’agir de vous voir en bonne santé dans 3 ans, de rejoindre un organisme local, c’est vous qui décidez.
C’est lié à la façon dont vous satisfaisez vos besoins. Vous savez peut-être clairement ce que vous ne voulez pas dans votre vie, à présent. Mais vous êtes-vous déjà demandé ce que vous voulez exactement ? Et si oui, comment pouvez-vous espérer l’obtenir ?
Cela vous semble évident (encore une fois !)?
Prenez quelques minutes d’honnêteté envers vous-même, en ce moment même : que voulez-vous dans votre vie ?
Pensez-vous que votre vie actuelle vous rapproche de ce but ?
7. Suivez vos progrès
Vous ne pouvez pas savoir si vous vous dirigez vers votre objectif, dans la bonne direction, si vous ne suivez pas vos progrès. Vous savez, en tant qu’homo sapiens, nous sommes très (TRÈS) mauvais pour nous souvenir des choses, surtout des chiffres. Vraiment très (TRÈS) mauvais. Et nous sommes également très doués pour être trop optimistes. Ce sont deux freins qui nous empêchent parfois d’avancer dans la bonne direction.
Si on veut aller quelque part il faut être capable d’évaluer si on suit le bon cap, c’est-à-dire, si on fait le bon choix pour y arriver ou pas !
Autre chose : nous sommes généralement très mauvais pour persister dans des choses qui ne sont pas instantanément gratifiantes. En temps qu’humains nous recherchons les bénéfices instantanés. La plupart des gros projets, demandent souvent de la persévérance et parfois des sacrifices. Aujourd’hui on veut tout, tout de suite. Alors il est donc parfois difficile de rester sur la voie.
Mais maintenant que vous savez cela, vous pouvez mettre en place des stratégies pour créer une dynamique à partir du suivi de vos progrès.
8. Établir une feuille de route / une vision
Vous en avez probablement pris une -ou plusieurs- résolutions. Vous savez, ces « résolutions du nouvel an ». Combien de temps cela a duré ?
L’un des facteurs de l’échec des résolutions du nouvel an, c’est quelles sont souvent prise à la va vite. Par exemple : « En 2022, je veux maigrir. » Mais derrière ce genre de résolutions qu’il n’y a pas de réel engagement. Cette formulation ne nous donne aucun indice sur comment, quand, dans quel contexte, à l’aide de quoi, jusqu’à quand atteindre notre objectif.
De ce fait, il est important d’établir une feuille de route / une vision SMART.
C’est-à-dire spécifique, mesurable,acceptable, réaliste et temporellement définie. Dans le cas présent, l’objectif pourrait être formulé de façon suivante : « Jusqu’en juin prochain, donc en 25 semaines, j’aimerais perdre du poids, plus spécifiquement, 5 kg. » Cela nous donne un cadre précis qui nous permet de nous approcher petit à petit.
Cependant, quand on parle de « changement de vie », surtout s’il s’agit de changer une mauvaise habitude en une bonne, il faut un plan. Un vrai plan. Un plan solide. Avec des jalons.
Parce que, comme nous l’avons dit précédemment, c’est ainsi que nous mesurerons nos progrès et que nous garderons la motivation, mais aussi parce qu’il est peu probable que nous puissions réaliser notre vision du jour au lendemain.
9. Créer une base solide pour soutenir le reste de vos activités
Tout est lié. Si vous vous intéressez à la permaculture, vous avez déjà entendu cela maintes et maintes fois. Et c’est tout simplement vrai.
Vous cherchez à réaliser un changement à plus grande échelle dans votre vie ? Commencez par la conception de votre zone 00. C’est là que vous aurez le plus d’impact.
Quand on est profondément aligné, lorsqu’on fait ce ce que l’on aime, ce dans quoi on est doué, on rayonne, et tout trouve sa place.
Je ne dis pas que vous pouvez résoudre tous vos problèmes avec la zone 00.
Ce que je dis, c’est qu’en prenant le temps d’observer et de concevoir votre zone 00, vous deviendrez davantage acteur de votre vie, et que vous la transformerez pour le mieux. Être congruent nécessite un véritable travail sur soi. Cela demande d’être vrai, d’être authentique avec soi dans un premier temps et aussi avec les autres. Mais c’est en faisant cela que vous vous offrez la chance de récolter plus d’abondance pour vous-même et pour les autres autour de vous en commençant à concevoir votre zone 00.
De toute façon, vous n’avez rien à perdre, alors pourquoi ne pas essayer ?
Que pensez-vous de l’idée de concevoir votre paysage intérieur ?
Êtes-vous enthousiasmé par cette perspective ?
Avez-vous l’intention de vous y mettre bientôt ?
J’aimerais lire vos réflexions à ce sujet !
Consulter aussi mon article : Le design en permaculture et la méthode OBREDIM