Le jardin multi-strates est un type de jardin qui utilise plusieurs niveaux de plantes. Les plantes sont de différentes hauteurs. Elles poussent ensemble. Les plantes hautes donnent de l’ombre. Les plantes basses couvrent le sol. Chaque plante a sa place. Elles se complètent. Elles partagent les ressources afin de former un système productif.

Avantages et défis d’un jardin à plusieurs strates

L’objectif est clair : augmenter la surface des capteurs solaires pour produire davantage de biomasse. Le jardin à plusieurs niveaux permet naturellement d’accroître la production sur une même surface, faisant de lui un jardin intensif ! L’espace est ainsi valorisé dans ses trois dimensions.

Un jardin dans lequel les plantes se complètent spatialement

La forme des plantes (leur port), leur feuillage et leur système racinaire sont répartis pour optimiser l’accès aux ressources (eau, sels minéraux, lumière), à l’image de l’équilibre naturel des lisières forestières. Le jardin crée ainsi un microclimat plus tempéré. En été, les strates supérieures offrent l’ombre et l’humidité rafraîchissantes, tandis que les strates inférieures couvrent et protègent le sol des rayons du soleil et de l’évaporation.

Un jardin dans lequel les plantes se complètent également dans le temps

Dans la nature, la croissance des plantes est étalée au fil de la saison. À la fin de l’hiver, on observe d’abord les bulbes et les plantes couvre-sol, puis viennent les plantes herbacées, les buissons, les arbustes et enfin la canopée. Chaque strate de végétation éclot (bourgeonnement) progressivement. Cette phase de croissance des rameaux requiert de nombreuses ressources, notamment de l’eau et de l’azote. Ainsi, les besoins printaniers sont naturellement répartis dans le temps, permettant de ne pas épuiser toutes les ressources simultanément et de laisser les micro-organismes libérer progressivement les sels minéraux pour les plantes.

Distances de plantation trop rapprochées ?

En théorie, les plantes peuvent être plantées très près les unes des autres. Il existe toutefois certains facteurs qui peuvent être limitants (eau, lumière, sol). Cependant il existe des exemples de jardins qui montrent qu’il est possible de planter de façon très rapprochée.

C’est le cas du jardin des Fraternités Ouvrières à Mouscron, en Belgique. Il prouve qu’il est possible de cultiver près de 2 arbres par mètre carré. Soit près de 2 000 arbres/1 000 m²! Il s’agit d’un exemple extrême, dans un climat où l’eau ne manque pas. Néanmoins, cela permet de remettre en question certains préjugés concernant les distances de plantation.

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Les différentes strates

La canopée (arbres fruitiers ou nourriciers de plus de 10 mètres) :

Dans cette strate se trouvent des bambous géants, des pommiers sur franc, des châtaigniers, des cabrillets, des kalopanax, des hovénies sucrées, une illustration de végétaux de grande taille ne se rencontrant pas dans les petits jardins-forêts.

Les arbustes (4 à 9 mètres) :

Dans cette strate se trouvent des petits espaces nourriciers, cet étage peut accueillir des fruitiers de moyenne tige, des sureaux, des asiminiers, des arbres à concombres (Halesia carolina) ou aux haricots bleus (Decaisnea fargesii) !

Les buissons (jusqu’à 3 mètres) :

C’est la strate des ronces sans épines, des myrtilliers, groseilliers, lyciets de Barbarie (gojis), goumis du Japon et autres myriades d’arbrisseaux à petits fruits.

Les herbacées :

La taille des vivaces herbacées varie d’une dizaine de centimètres à plus de 3 mètres ! On y retrouve salades, mélisse, hostas, menthe, hémérocalles, réglisse, en passant par les herbes exubérantes que sont l’angélique sylvestre, les artichauts, la berce d’Hercule ou les cardons.

Les légumes-racines et plantes tuberculeuses :

Bardane, onagre bisannuelle, topinambour, glycine tubéreuse (Apios americana), igname de Chine (Dioscorea batatas) illustrent une gamme de plantes restant en place année après année ou se ressemant spontanément le long des sentiers d’un jardin-forêt. Ces plantes nutritives offrent leurs récoltes souterraines sans aucun jardinage quasiment.

Les plantes couvre-sol, rampantes, mousses, algues microscopiques et champignons :

Ce tapis vivant empêche l’érosion, nourrit les pollinisateurs et se montre alimentaire (à l’image de la bugle rampante, du gléchome, de la ronce tricolore), ou encore médicinal (telle la lysimaque nummulaire). C’est aussi la strate des champignons créatures infiltrantes et discrètes, n’apparaissant à l’homme que lors de leur fructification (sporophore).

Les lianes, plantes grimpantes :

Vignes, kiwis, schisandras appartiennent à une catégorie de plantes excellant dans un jardin-forêt, où elles traversent l’espace de bas en haut et peuvent, laissées libres, partir fructifier dans les hauteurs inaccessibles. Elles sont généralement conduites sur des arbres supports pour former des festons productifs.

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