Depuis des siècles, les jardiniers et les agriculteurs ont accordé une grande importance aux cycles lunaires pour planifier la plantation, la taille et la récolte des végétaux. Les pratiques traditionnelles et le folklore suggèrent que la Lune a un impact significatif sur la croissance des plantes… Mais qu’en est-il réellement ?

La Lune influence-t-elle vraiment la pousse des végétaux sur Terre?

Les forces gravitationnelles et les marées

La marée est le mouvement de montée et de descente du niveau des eaux. Elle est causée par l’effet conjugué des forces de gravitation de la Lune et du Soleil. La gravité de la Terre s’exerce sur la Lune, ce qui la maintient en orbite autour de notre planète. Cependant, la Lune exerce aussi une force d’attraction sur la Terre.

L’un des principaux arguments avancés afin d’expliquer l’influence de la Lune sur la pousse des végétaux est l’effet des forces gravitationnelles sur les marées. La Lune, en raison de sa proximité et de sa masse, exerce une force gravitationnelle sur la Terre qui provoque les marées. Ce phénomène est également observé dans les nappes phréatiques souterraines et dans les sols, bien que dans une moindre mesure (Zürcher, 1998 [1] ).

Certaines études ont montré que les plantes, en particulier les espèces aquatiques, peuvent être sensibles aux fluctuations des marées et aux variations de la pression de l’eau dans les sols (Barlow et al., 2013 [2] ).

La lumière réfléchie par la Lune

Chaque nuit la Lune s’illumine. Elle reflète, en direction de la Terre, la lumière du Soleil qu’elle reçoit. Les scientifiques mesurent ce phénomène grâce à un indicateur nommé « albédo ». La lumière réfléchie par la Lune pourrait également influencer la croissance des plantes.

La lumière solaire réfléchie par la surface lunaire atteint la Terre sous forme de lumière clairsemée. L’intensité lumineuse de la lumière réfléchie varie en fonction des phases de la Lune. Certaines études ont montré que la lumière nocturne, y compris celle de la Lune, peut avoir un impact sur les processus physiologiques des plantes, tels que la photosynthèse et la respiration (Caton et al., 2009 [3] ).

Toutefois, la lumière lunaire est généralement beaucoup moins intense que la lumière solaire, et son impact sur la croissance des plantes est souvent négligeable par rapport aux effets du soleil et de la température (Kollerstrom et Staudenmaier, 2001 [4] ).

Les cycles biologiques et les rythmes circadiens

Les plantes, comme tous les organismes vivants, sont dotées de rythmes biologiques internes, appelés rythmes circadiens. Ces derniers régulent de nombreux processus physiologiques et métaboliques. Ces rythmes sont généralement synchronisés avec les cycles jour-nuit de 24 heures et sont influencés par des signaux environnementaux tels que la lumière et la température (Dodd et al., 2005 [5] ).

Certaines recherches ont suggéré que les cycles lunaires pourraient jouer un rôle dans la régulation des rythmes circadiens des plantes. Par exemple, une étude menée par Zürcher et al. (1998) [1] a montré que la germination des graines et l’élongation des tiges étaient légèrement influencées par les phases de la Lune. Cependant, ces effets étaient relativement faibles. Également ils ne représentaient qu’une petite partie de la variation totale observée dans la croissance des plantes.

Également, les mécanismes par lesquels les cycles lunaires influenceraient les rythmes circadiens ne sont pas encore bien compris. Il est possible que certains aspects de la biologie des plantes soient sensibles aux variations de la lumière lunaire, de la gravité ou d’autres facteurs environnementaux associés aux cycles lunaires. Toutefois, des recherches supplémentaires sont nécessaires afin d’élucider ces relations.

L’évidence scientifique actuelle

Dans l’ensemble, les preuves scientifiques disponibles suggèrent que l’influence de la Lune sur la pousse des végétaux sur Terre est limitée. Toutefois, il existe quelques études qui ont observé des effets modestes des cycles lunaires sur la croissance des plantes. Également, ils ne sont pas universellement observés dans toutes les espèces ou dans tous les environnements (Kollerstrom et Staudenmaier, 2001 [4] ).

Il est également important de noter que de nombreuses pratiques traditionnelles de jardinage et d’agriculture qui sont basées sur les cycles lunaires sont souvent fondées sur des observations empiriques et des croyances folkloriques, plutôt que sur des preuves scientifiques rigoureuses. Bien que certaines de ces pratiques puissent être bénéfiques pour la croissance des plantes, il est difficile de déterminer si ces avantages sont directement liés à l’influence de la Lune ou s’ils résultent d’autres facteurs environnementaux ou de gestion.

Conclusion

En conclusion, bien que les cycles lunaires aient longtemps été considérés comme un facteur important influençant la pousse des végétaux sur Terre, les preuves scientifiques actuelles suggèrent que ces effets sont relativement limités. Les forces gravitationnelles, la lumière lunaire et les rythmes biologiques peuvent avoir un impact sur certains aspects de la croissance des plantes, mais ces effets sont généralement faibles et ne sont pas universellement observés dans toutes les espèces ou dans tous les environnements. Les jardiniers et les agriculteurs peuvent continuer à suivre les cycles lunaires comme un aspect traditionnel et culturel de leurs pratiques, mais il est important de reconnaître que les preuves scientifiques soutenant l’influence de la Lune sur la croissance des plantes sont limitées.

Sources:

  • [1] Zürcher, E. (1998). Lunar Rhythms in Forestry Traditions – Lunar-Correlated Phenomena in Tree Biology and Wood Properties. Earth, Moon, and Planets, 79(1), 1-43.
  • [2] Barlow,P. W., Fisahn, J., Yazdanbakhsh, N., Moraes, T. A., Khabarova, O. V., & Gallep, C. M. (2013). Arabidopsis thaliana root elongation growth is sensitive to lunisolar tidal acceleration and may also be weakly correlated with geomagnetic variations. Annals of Botany, 111(5), 859-872.
  • [3] Caton, B. P., Fournier, C., & Dubois, D. D. (2009). Moonlight controls lunar-phase-dependency and regular oscillation of clock gene expression in a cricket. Biology Letters, 5(4), 457-460.
  • [4] Kollerstrom, N., & Staudenmaier, G. (2001). Evidence for Lunar-Sidereal Rhythms in Crop Yield: A Review. Biological Agriculture & Horticulture, 19(3), 247-259.
  • [5] Dodd, A. N., Salathia, N., Hall, A., Kévei, E., Tóth, R., Nagy, F., … & Webb, A. A. (2005). Plant circadian clocks increase photosynthesis, growth, survival, and competitive advantage. Science, 309(5734), 630-633.

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