Les arbres sont bien plus que de simples organismes végétaux qui produisent de l’oxygène et offrent un abri aux animaux. Des études récentes ont révélé que les arbres sont capables de communiquer entre eux à travers un réseau souterrain complexe, souvent appelé le « Wood Wide Web » (Réseau Boisé Mondial) [1] . Découvrez comment les arbres communiquent entre eux, les raisons pour lesquelles ils le font et les implications de ces découvertes pour notre compréhension du monde végétal.
Les mécanismes de communication entre les arbres
La communication entre les arbres est principalement facilitée par un réseau souterrain de champignons mycorhiziens, qui forment des associations symbiotiques avec les racines des plantes. Ces champignons agissent comme des extensions du système racinaire de l’arbre, permettant aux arbres d’échanger des informations, des nutriments et d’autres ressources [1] [2] .
Le rôle des champignons mycorhiziens
Les champignons mycorhiziens jouent un rôle clé dans la communication entre les arbres. Ils forment des filaments appelés hyphes, qui se connectent aux racines des arbres et créent un réseau souterrain étendu. Ce réseau permet aux arbres de communiquer et de partager des ressources, telles que l’eau, les nutriments et les signaux chimiques [1] [3] .
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Les signaux chimiques
Les arbres utilisent des signaux chimiques pour communiquer entre eux, notamment des composés organiques volatils (COV) et des hormones végétales appelées auxines. Les COV sont libérés par les arbres en réponse au stress, comme les attaques d’insectes ou les infections fongiques, et peuvent être détectés par d’autres arbres à proximité [4] . Les auxines, quant à elles, sont impliquées dans la croissance des plantes et peuvent être échangées entre les arbres à travers le réseau mycorhizien [5] .
Les raisons de la communication entre les arbres
La communication entre les arbres leur permet de s’entraider et de faire face aux défis environnementaux. Voici quelques-unes des principales raisons pour lesquelles les arbres communiquent entre eux:
Les arbres communiquent entre eux pour se défendre contre les prédateurs et les agents pathogènes
Lorsqu’un arbre est attaqué par des insectes ou des agents pathogènes, il libère des COV pour avertir les arbres voisins. Les arbres qui reçoivent ce signal peuvent alors augmenter leur propre production de composés de défense, rendant leur feuillage moins attrayant pour les herbivores et plus résistant aux infections [4] .
Les arbres communiquent également pour partager des ressources, telles que l’eau et les nutriments.
Par exemple, lorsqu’un arbre a accès à une source d’eau abondante, il peut partager cette eau avec d’autres arbres du réseau mycorhizien en échange de nutriments [1] . Cette coopération permet aux arbres de mieux gérer les ressources limitées et d’améliorer leur croissance et leur santé globale.
La répartition des nutriments
Les arbres peuvent également échanger des nutriments entre eux via le réseau mycorhizien. Les arbres plus âgés et plus grands, qui ont généralement un meilleur accès à la lumière du soleil et peuvent produire plus de nutriments grâce à la photosynthèse, peuvent partager ces nutriments avec les jeunes arbres et les plantes du sous-bois, favorisant ainsi la croissance et la santé de l’ensemble de la communauté forestière [1] [6] .
La régulation de la croissance et de la compétition
La communication entre les arbres influence également leur croissance et la compétition pour les ressources, comme la lumière du soleil. Les arbres peuvent envoyer des signaux aux autres arbres pour réguler la croissance des branches et des racines, de manière à optimiser l’accès à la lumière et aux nutriments. Cette communication permet de réduire la compétition entre les arbres et de favoriser un écosystème forestier plus sain et résilient [5] .
Les implications de la communication entre les arbres
La découverte de la communication entre les arbres a des implications importantes pour notre compréhension du monde végétal et la gestion des forêts.
Une vision plus complexe des écosystèmes forestiers
La communication entre les arbres révèle que les forêts sont des écosystèmes beaucoup plus complexes et interconnectés que ce que l’on pensait auparavant. Les arbres ne sont pas simplement des organismes isolés, mais font partie d’un réseau dynamique d’échanges et d’interactions [1] . Cette découverte nous oblige à repenser notre approche de la conservation et de la gestion des forêts, en tenant compte de l’importance des relations symbiotiques et des réseaux de communication entre les arbres.
La gestion durable des forêts
La compréhension de la communication entre les arbres peut également nous aider à développer des stratégies de gestion forestière plus durables et respectueuses de l’environnement. Par exemple, en préservant les réseaux mycorhiziens et en favorisant la diversité des espèces d’arbres, nous pouvons encourager la coopération et la résilience des écosystèmes forestiers face aux défis environnementaux, tels que le changement climatique et la dégradation des sols [1] [7] .
Conclusion
La communication entre les arbres est un domaine de recherche passionnant qui remet en question notre vision traditionnelle des plantes comme des organismes passifs et isolés. En comprenant comment les arbres communiquent et coopèrent entre eux, nous pouvons mieux apprécier la complexité et la beauté des forêts et, espérons-le, développer des stratégies de gestion forestière qui protègent et préservent ces précieux écosystèmes pour les générations futures.
Sources :
- [1] Simard, S. W. (2018). Mycorrhizal networks facilitate tree communication, learning, and memory. In Memory and Learning in Plants (pp. 191-213). Springer, Cham.
- [2] Selosse, M. A., Richard, F., He, X., & Simard, S. W. (2006). Mycorrhizal networks: Des liaisons dangereuses? Trends in Ecology & Evolution, 21(11), 621-628.
- [3] Smith, S. E., & Read, D. J. (2008). Mycorrhizal symbiosis. Academic press.
- [4] Heil, M., & Karban, R. (2010). Explaining evolution of plant communication by airborne signals. Trends in Ecology & Evolution, 25(3), 137-144.
- [5] Baluška, F., & Mancuso, S. (2013). Root apex transition zone as oscillatory zone. Frontiers in plant science, 4, 354.
- [6] Teste, F. P., Lieffers, V. J., & Strelkov, S. E. (2012). Ectomycorrhizal community responses to intensive forest management: Thin stems of boreal Pinus sylvestris stands are competitively superior. Plant and Soil, 366(1-2), 521-534.
- [7] Bauhus, J., Forrester, D. I., Gardiner, B., Jactel, H., Vallejo, R., & Pretzsch, H. (2017). Ecological stability of mixed-species forests. In Mixed-Species Forests (pp. 337-382). Springer, Berlin, Heidelberg.