Cardères et bardanes, des plantes oubliées

Les cardères et bardanes sont des plantes souvent négligées aujourd’hui. Néanmoins, autrefois, elles occupaient une place importante dans les pratiques agricoles et médicinales. Leur rôle écologique, en particulier dans les jardins friches et pour la faune locale, est crucial. Leur structure unique et leurs graines riches en font des plantes de choix. Ainsi, elles sont idéales pour ceux qui souhaitent favoriser la biodiversité dans leur jardin. Explorons ensemble les caractéristiques des cardères et bardanes. Voyons comment elles peuvent transformer un jardin en havre pour la faune, notamment pour les chardonnerets et autres oiseaux granivores.

La cardère : une plante rudérale aux vertus écologiques

Caractéristiques et identification des cardères

Contrairement aux apparences, la cardère sauvage (Dipsacus fullonum ou Dipsacus sylvestris) n’est pas un chardon. On la trouve fréquemment au bord des routes, des fossés, ou sur des terrains vagues. C’est une espèce rudérale, c’est-à-dire qu’elle colonise les milieux perturbés par l’activité humaine. En d’autres termes, la cardère est une espèce pionnière, souvent l’une des premières à s’installer dans des environnements dégradés.

Bien que très commune, les graines de cardère sont rares dans le commerce. On peut cependant les récolter à l’automne, ou s’en procurer auprès de grainetiers spécialisés en plantes sauvages ou médicinales.

Le cabaret des oiseaux et autres caractéristiques des cardères

La cardère est également connue sous le nom poétique de cabaret des oiseaux, un nom dû à sa structure particulière. Les feuilles de la cardère sont soudées à leur base, formant des coupes qui retiennent l’eau de pluie. Ces petites piscines naturelles offrent une source d’eau temporaire pour les oiseaux et autres petits animaux.

Cette plante est une bisannuelle. Cela signifie qu’il faut attendre deux ans pour qu’elle atteigne sa pleine maturité et produise des fleurs. Cependant, une fois en place, elle devient un véritable refuge pour la faune.

Nourrir les oiseaux et la faune grâce aux cardères

Les cardères sont particulièrement prisées par les chardonnerets, qui adorent leurs graines riches en lipides (jusqu’à 22 %). Grâce à leur bec long et fin, les chardonnerets peuvent extraire les graines des capitules sans se blesser, ce qui en fait des concurrents redoutables pour d’autres oiseaux granivores. Les mâles, qui possèdent un bec légèrement plus long que les femelles, se nourrissent principalement sur les cardères, tandis que les femelles préfèrent souvent les bardanes.

Outre les chardonnerets, d’autres oiseaux tels que le tarin des aulnes et la linotte mélodieuse se nourrissent des graines de cardère, notamment celles tombées au sol.

Refuge pour les insectes : le rôle des cardères

Les cardères sont aussi des plantes-hôtes pour plusieurs espèces d’insectes. Par exemple, la chenille du sphinx-bourdon (Hemaris tityus) se nourrit des feuilles de cardère. De plus, la noctuelle de la cardère (Heliothis viriplaca), un papillon de nuit discret, se développe dans l’axe creux des têtes de cardère.

Pendant la deuxième année de son cycle, la cardère produit de longues tiges creuses, qui deviennent des sites d’hivernage pour de nombreux insectes. Ses fleurs, riches en nectar, attirent également des pollinisateurs tels que les abeilles, les syrphes et les papillons comme le paon-du-jour et le vulcain.

La bardane : une plante méconnue mais précieuse

Caractéristiques et usages traditionnels des bardanes

La bardane est une autre bisannuelle souvent oubliée. Elle est plus imposante que la cardère, avec ses grandes feuilles laineuses mesurant entre 50 et 70 centimètres. Bien que parfois envahissante, elle a autrefois été cultivée pour ses propriétés médicinales et alimentaires. Ses jeunes pousses, feuilles et racines, au goût d’artichaut, étaient consommées cuites, notamment au premier automne.

Les capitules de la bardane sont armés de crochets recourbés, ce qui les rend difficiles à détacher des vêtements ou du pelage des animaux. Ce mécanisme naturel de dispersion des graines est à l’origine du Velcro, inventé après que son créateur ait observé les crochets de la bardane accrochés à ses vêtements.

Les deux espèces principales de bardanes

Il existe deux espèces de bardane : la grande bardane (Arctium lappa) et la petite bardane (Arctium minus). La grande bardane a un pétiole plein, tandis que la petite a un pétiole creux. Ces deux espèces se croisent facilement, ce qui a donné lieu à des hybrides présents dans de nombreuses régions.

Nourrir les oiseaux avec les bardanes

Tout comme la cardère, la bardane est une source précieuse de nourriture pour les chardonnerets et autres granivores. Ses graines, bien que plus accessibles que celles de la cardère, sont tout aussi nourrissantes. Cependant, la bardane présente un danger potentiel pour les petits oiseaux, qui peuvent parfois se retrouver piégés par les crochets de ses fleurs sèches.

Les observations montrent que les oiseaux piégés sont souvent des individus affamés, en quête de nourriture dans des environnements où les ressources sont limitées. Pour éviter ces accidents, il est essentiel de favoriser la biodiversité dans les jardins, en fournissant une variété de plantes produisant des graines tout au long de l’année.

Refuge pour les insectes : l’importance des bardanes

La bardane est également une plante-hôte pour plusieurs espèces de papillons et d’insectes. Le papillon belle-dame (Vanessa cardui), aussi appelé vanesse du chardon, se nourrit de ses feuilles. De plus, la mouche de la bardane (Tephritis bardanae) est inféodée aux bardanes et pond ses œufs dans les capitules.

Pourquoi cultiver les cardères et bardanes ?

Un atout pour la biodiversité

Cultiver des plantes comme les cardères et bardanes est un excellent moyen de promouvoir la biodiversité dans les jardins. Ces plantes ne nécessitent pas beaucoup de soins, et une fois établies, elles attirent une faune diversifiée, allant des oiseaux granivores aux insectes pollinisateurs. En les laissant en place durant l’hiver, vous offrez un refuge et une source de nourriture à de nombreuses espèces.

De plus, leur structure et leur hauteur impressionnantes ajoutent un intérêt visuel au jardin, en particulier en automne et en hiver, lorsqu’elles forment des silhouettes graphiques remarquables.

Comment cultiver les cardères et bardanes ?

Pour cultiver ces plantes, il est nécessaire de récolter leurs graines à l’automne ou de s’en procurer auprès de grainetiers spécialisés. Les graines de cardère et de bardane se sèment au printemps, dans un emplacement en plein soleil. Il est important de semer clair pour laisser aux jeunes plantes suffisamment d’espace pour se développer.

Lorsqu’elles grandissent, les plantes peuvent atteindre plusieurs mètres de hauteur. Il est donc essentiel de les espacer suffisamment (environ 40 à 80 cm) pour éviter la surpopulation. Les plantes fleuriront en juillet et produiront des graines à l’automne, qui pourront être laissées sur pied tout l’hiver pour nourrir les oiseaux.

Favoriser la biodiversité dans son jardin : cardères, bardanes et bien plus encore

En plus des cardères et bardanes, d’autres plantes peuvent enrichir la biodiversité dans les jardins, telles que les orties pour les papillons, les buddleias pour les insectes pollinisateurs, ou encore les arbustes à baies pour les oiseaux. Il est essentiel de diversifier les plantations pour offrir un habitat varié à la faune locale.

Les plantes indigènes comme les cardères et bardanes sont particulièrement adaptées, car elles sont naturellement intégrées aux écosystèmes locaux et favorisent les interactions entre les espèces animales et végétales. En cultivant ces plantes, vous contribuez à la préservation des espèces, tout en profitant d’un spectacle naturel dans votre propre jardin.

L’importance des cardères et bardanes pour la biodiversité

Les cardères et bardanes sont bien plus que des plantes oubliées ou envahissantes. Elles jouent un rôle écologique essentiel. En effet, elles fournissent à la fois une source de nourriture et un habitat à de nombreux oiseaux et insectes. De plus, leur culture est assez simple. Et enfin, leur présence dans un jardin enrichit la biodiversité et offre un refuge pour la faune locale.

En encourageant la présence de ces plantes, nous favorisons non seulement la survie des chardonnerets et autres granivores, mais nous participons également à la protection des écosystèmes.