Dans le royaume botanique, l’arbre aux papillons, également connu sous le nom de Buddleia, est célèbre pour son attrait auprès des papillons. Ses fleurs d’un mauve vibrant et son parfum puissant attirent les papillons en grand nombre. Cependant, contrairement à ce que son nom pourrait laisser supposer, cet arbre n’est pas un allié pour ces créatures ailées. En réalité, il s’avère être un faux-ami trompeur.
Les papillons et le Buddleia : une histoire trompeuse
Le Buddleia émet des odeurs attrayantes et ses fleurs sont d’une couleur qui séduit les papillons. Cependant, son nectar est d’une qualité médiocre, avec une teneur en sucre d’environ 30 %, comparativement à d’autres plantes qui peuvent atteindre jusqu’à 70 %. Cette faible teneur en nutriments ne fournit pas l’énergie dont les papillons ont besoin pour leur cycle de vie.
De plus, les papillons sont souvent induits en erreur et pondent leurs œufs sur le Buddleia, au lieu de chercher leur plante-hôte habituelle, qui est la seule capable de nourrir leurs chenilles. En conséquence, cela réduit la population de ces pollinisateurs importants et contribue à une perte de biodiversité.
Buddleia : un danger pour les chenilles
Les feuilles du Buddleia contiennent des toxines qui seraient nocives pour les chenilles qui tentent de les manger. Par conséquent, les œufs de papillon déposés sur un Buddleia sont condamnés, car ils n’ont aucune chance de survie.
Un envahisseur discret
Le Buddleia davidii est classé en France, en Belgique et en Suisse comme espèce envahissante. Il prospère dans divers sols, tant qu’ils sont drainants, et envahit souvent des terrains abandonnés, des voies de chemin de fer, des chantiers, des friches industrielles et même des trottoirs. Par conséquent, il menace les espèces locales, notamment celles qui maintiennent les berges, et favorise l’érosion.
Une plante vendue sous une fausse appellation
Malgré ces inconvénients, le Buddleia continue d’être vendu dans les jardineries sous le nom d' »arbre aux papillons ». Ainsi cela peut induire en erreur les jardiniers bien intentionnés. C’est pourquoi, avant de planter un Buddleia dans l’intention d’aider les papillons, il est essentiel de bien se renseigner, afin de comprendre les véritables conséquences de cette action.
Il ne s’agit pas simplement de ne pas planter de Buddleia. Il est tout aussi important de préserver et de favoriser la croissance de fleurs et de plantes sauvages locales. Elles offrent une source de nourriture et d’habitat de qualité aux papillons et à d’autres pollinisateurs.
En fin de compte, bien que le Buddleia soit sans aucun doute attrayant pour les papillons, il n’est pas leur ami. Pour réellement aider ces magnifiques insectes, il est préférable de se tourner vers des alternatives naturelles et locales.
2 comments
Gifa
Bonjour, Je suis très étonnée de lire votre article sur les dangers du buddlia. Je faisais une recherche sur cet arbre et sur tous les sites apparaissant vous êtes le seul à signaler ce danger. je ne mets absolument pas vos écrits en doute, bien au contraire, mais comment se fait-il que des grands noms de la culture des fleurs et arbustes n’en parlent pas ? Ou bien y-a-t-il des variétés qui ne sont pas dangereuses pour les papillons ? Merci par avance pour votre réponse.
Marie
Bonjour.
Merci pour votre message. Oui, le buddleia (Buddleja davidii) attire très bien les adultes grâce au nectar, mais il pose deux problèmes écologiques.
• L’espèce est envahissante dans une grande partie de l’Europe. Références.
EPPO fiche : https://gd.eppo.int/taxon/BUDDA
EPPO liste invasive : https://www.eppo.int/ACTIVITIES/invasive_alien_plants/iap_lists
IUCN/GISD : https://www.iucngisd.org/gisd/species.php?sc=650
En Suisse, depuis le 1er septembre 2024, sa mise en circulation est interdite : OFEV https://www.bafu.admin.ch/bafu/en/home/topics/biotechnology/dossiers/changes-to-regulation-on-invasive-alien-plants.html — article presse : https://lenews.ch/2024/08/30/sales-ban-on-certain-plants-starts-in-switzerland/
• Côté papillons. Les adultes viennent butiner le buddleia. Mais les chenilles ont besoin de plantes-hôtes spécifiques. Exemple. Petite tortue et paon-du-jour = orties (Urtica dioica, Urtica urens). Références. Butterfly Conservation : https://butterfly-conservation.org/butterflies/small-tortoiseshell — étude PMC : https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC4598665/
Concernant les variétés « non invasives ». Il existe des cultivars à faible fertilité (par ex. Lo & Behold®). Mais la stérilité n’est pas toujours totale. Références. Université NC State, fiche Lo & Behold® : https://plants.ces.ncsu.edu/plants/buddleja-lo-behold-blue-chip/ — article MGNV : https://mgnv.org/mg-in-the-garden/are-butterfly-bush-cultivars-labeled-as-sterile-environmentally-safer/
En pratique.
• Si vous conservez un buddleia, choisissez un cultivar à faible semis et taillez les inflorescences fanées avant la montée en graines.
• Surtout, ajoutez des plantes-hôtes locales pour les chenilles et des vivaces nectarifères locales. Exemples. Ortie (Urtica dioica). Aubépine (Crataegus). Prunellier (Prunus spinosa). Ronce. Fenouil. Références. Butterfly Conservation : https://www.butterfly-conservation.org/butterflies/small-tortoiseshell — revue BES : https://besjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/j.1365-2745.2009.01575.x
Cordialement.