Labourer ou pas, tel est le dilemme du jardinier. Les toutes premières pratiques agricoles ont commencé par le travail du sol et son décompactage. Depuis plus de 10 000 ans, les agriculteurs retournent les sols. Ce geste ancestral est si ancré que nombre de jardiniers sont peu enclin à l’abandonner. Pourtant, le labour constitue un véritable chamboulement … Et la logique voudrait qu’on laisse le motoculteur ou la bêche de côté. Voyons d’où vient cette idée et les avantages et inconvénients de ces deux techniques.
Mais au fait à quoi ça sert de labourer ?
Le labour est le retournement de la couche superficielle du sol. Cette pratique permet d’ameublir et d’aérer la terre et la rend plus facilement cultivable. En même temps, elle permet d’enfouir les amendements et les engrais organiques dans le sol.
Les partisans du labour avancent à juste titre que labourer permet d’enfouir les graines des mauvaises herbes en profondeur et ainsi les annihiler. Le fait de labourer permet également de faire remonter les larves des insectes indésirables qui sont dévorés par les oiseaux, et permet d’éliminer les cailloux et les gros débris de racines.
En revanche, le défaut du travail mécanique, c’est que la fraise pulvérise les racines au lieu des les extirper. Cela a l’effet inverse de l’effet escompté. En effet, pour certaines plantes envahissantes cela pour effet de les multiplier à profusion. Le brassage important de la couche arable est considéré par les jardinier « bio » comme une véritable destruction du potentiel des mycorhizes, des micro-organismes et des vers de terre.
Mais les opposants au labour affirment que c’est un non-sens.
En effet, le labour revient à enfouir en profondeur la couche superficielle du sol riche en microorganismes utiles, dont la plupart sont aérobies, c’est à dire qu’ils dépendent de la présence d’oxygène pour vivre. La strate superficielle est aussi la plus riche en éléments nutritifs, qui sont enfouis à une profondeur où les racines de certains légumes n’ont pas accès. En un mot, un véritable gâchis.
Dans beaucoup de cas, il est inutile, par exemple, sur les parcelles de terrain déjà cultivées. Un simple décompactage sans retournement des couches de terre est nécessaire.
Quelle est l’alternative au labourage ?
L’agriculture sans travail du sol est une méthode d’agriculture qui élimine le labourage et minimise la perturbation du sol. Au lieu de cela, les agriculteurs veillent à ce que le sol ne soit jamais laissé à nu. Dès qu’une culture est enlevée, des cultures de couverture sont réalisées pour protéger le sol et continuer à y injecter des nutriments.
Cette méthode empêche également les vers de terre et d’autres organismes importants d’être dérangés, de sorte que leur nombre peut augmenter, ce qui donne un sol plus riche en nutriments, avec une meilleure structure et un meilleur drainage.
Avantages de ne pas pas labourer
L’agriculture sans travail du sol peut être bénéfique à la fois pour l’environnement et pour le jardinier, voici quelques-uns de ses avantages :
- Réduit l’érosion du sol.
- Améliore la qualité du sol.
- Accumulation de la matière organique du sol.
- Gain de temps.
- Réduit le coût du carburant et des outils.
- Améliore l’absorption de l’eau.
- Réduit les émissions de gaz à effet de serre.
- Contrôle naturel des mauvaises herbes.
- Des cultures plus saines grâce à un sol riche en nutriments.
Les outils qui ameublissent le sol sans le retourner
Pour procéder sans labourer, il existe des outils : la grelinette, l’aérabêche, la fourche à bêcher, la bio-fourche ou la bio bêche et même la simple bêche à dents.
L’un des outils les plus populaire est la grelinette. Inventée en 1963 par André Grelin, la grelinette reste une marque. Il s’agit d’une sorte de fourche large munie de deux manches que l’on actionne selon le principe du levier. Outre le fait que la Grelinette décompacte et aère la terre sans la retourner, elle travaille sur une largeur plus grande que celle d’une bêche. Ainsi cela fait gagner à la fois du temps et des efforts. Dans cet article je vous explique comment bien la choisir.
Dans certaines circonstances cependant le labour peut sembler utile.
En effet, certaines terres se prêtent mieux au labour
C’est le cas notamment des terres argileuses, froides, lourdes, mal drainées. Ces terres sont celles qui bénéficient le plus d’un bon bêchage. Mais attention, elles sont difficiles à travailler par temps humide. En langage jardinier, nous les appelons d’ailleurs les « terres amoureuses », car elles collent à la bêche et aux bottes.
Par exemple, dans la mise en culture d’une parcelle laissée longtemps inculte et dont le sol est compact, ou pour les grandes étendues.