Le compostage est une pratique écologique, économique et bénéfique pour le sol. Cependant, lorsqu’il attire des nuisibles comme les rats, l’expérience peut vite devenir désagréable. Les rongeurs trouvent dans un composteur mal géré un abri chaud, humide, riche en nourriture et relativement protégé des prédateurs. Leur présence n’est pas rare, surtout en milieu urbain ou périurbain, mais il existe des solutions efficaces et respectueuses de l’environnement pour éviter une invasion.
Découvrez les causes de la présence des rats, les erreurs fréquentes, les solutions concrètes (dont le brassage du compost), et les bonnes pratiques pour composter sereinement.
Pourquoi les rats s’installent dans le compost ?
Les rats cherchent trois choses essentielles :
- Nourriture : restes de cuisine (viande, poisson, pain, graines, fruits sucrés).
- Abri : le composteur est chaud, humide et protégé.
- Tranquillité : souvent installé au fond du jardin, peu dérangé.
Un compost bien équilibré et correctement géré attire rarement les rats. Mais un compost riche en protéines animales, mal brassé, ou installé directement sur la terre sans protection peut vite devenir un “hôtel à rongeurs”.
Erreurs fréquentes qui favorisent les rats
- Mettre de la viande, du poisson, des produits laitiers, des restes de plats cuisinés.
- Peu brasser ou pas du tout : un compost tassé offre des galeries idéales pour nicher.
- Installer le compost sans grillage au sol, ce qui facilite l’accès depuis la terre.
- Ne pas équilibrer les apports : trop de déchets alimentaires frais, pas assez de matière sèche (feuilles, branches, broyats).
- Laisser le compost au fond du jardin sans surveillance.
Que faire si des rats apparaissent ?
Découvrir des rats dans son compost peut être déstabilisant. Pourtant, c’est une situation relativement courante, surtout dans les zones urbaines ou à proximité des habitations. La clé n’est pas de paniquer, mais de réagir rapidement et avec méthode. Voici une approche détaillée et progressive.
1. Observer et confirmer la présence
Avant d’agir, il faut s’assurer qu’il s’agit bien de rats et non d’autres animaux. Les indices à surveiller :
- Galeries ou trous creusés dans le sol au pied du composteur.
- Crottes caractéristiques : petites, allongées, noires.
- Restes de nourriture grignotés (coquilles d’œufs, noyaux, morceaux de fruits).
- Bruits ou mouvements rapides lorsque l’on ouvre le bac.
Cette observation permet de savoir s’il s’agit d’un passage occasionnel ou d’une véritable installation.
2. Perturber leur habitat : brasser le compost intensivement
Les rats recherchent un abri stable, chaud et tranquille. Brasser le compost intégralement chaque jour pendant une semaine est l’une des méthodes les plus efficaces et naturelles pour les faire fuir.
- Le brassage détruit les galeries et éventuels nids.
- Il rend le milieu instable et peu accueillant.
- Il diminue la chaleur localisée en homogénéisant la matière.
- Il augmente l’oxygénation, ce qui favorise les micro-organismes utiles et accélère la décomposition.
Souvent, cette seule action répétée suffit à pousser les rats à abandonner le site.
3. Corriger immédiatement les apports
Certains déchets sont de véritables aimants pour les rats. Il faut donc arrêter sans attendre d’apporter :
- Viande, poisson, os, plats préparés.
- Produits laitiers, fromages, yaourts.
- Pain en excès, graines ou céréales cuites.
Ces matières sont difficiles à composter, dégagent des odeurs fortes et attirent la faune opportuniste. À la place, privilégiez les épluchures de légumes, fruits abîmés en petites quantités, marc de café, carton non imprimé, broyat de branches et feuilles mortes.
4. Sécuriser physiquement le composteur
Une fois les rats chassés, il faut rendre le lieu inaccessible :
- Poser un grillage galvanisé à mailles très fines (1 cm maximum) sous le composteur pour bloquer l’entrée par le sol.
- Vérifier que les parois et le couvercle sont bien fermés.
- Éviter les interstices trop larges sur les côtés.
Pour un tas de compost en plein air, il est conseillé de l’entourer d’un treillis ou de poser une bâche lourde qui décourage les intrusions.
5. Modifier l’emplacement si nécessaire
Si les rats persistent malgré vos efforts, il peut être judicieux de déplacer le composteur :
- Évitez les zones trop ombragées, proches des murs ou des haies denses où les rats aiment circuler.
- Placez-le dans un endroit plus dégagé et plus fréquenté, ce qui réduit le sentiment de sécurité des rongeurs.
6. Diversifier ou changer de méthode de compostage
Si la cohabitation devient impossible, d’autres solutions existent :
- Lombricompostage : un bac avec des vers rouges, à l’intérieur ou sur un balcon. Entièrement fermé, il est inaccessible aux rats.
- Compostage bokashi : système hermétique basé sur la fermentation. Aucun dégagement d’odeur, donc pas d’attraction pour les nuisibles.
- Compostage partagé : certains quartiers disposent de composteurs collectifs sécurisés et surveillés.
7. Mesures à éviter absolument
- Le poison : dangereux pour les animaux domestiques, la faune sauvage et l’environnement. De plus, les rats développent parfois une résistance.
- Les pièges violents : inefficaces à long terme, cruels et souvent inutiles si les conditions du compost ne sont pas corrigées.
- L’abandon du compostage : inutile. Le problème vient de la gestion, pas du principe.
Mesures à éviter
- Ne pas utiliser de poison : dangereux pour les animaux domestiques, la faune sauvage et l’environnement.
- Éviter les pièges violents : peu efficaces à long terme et sources de souffrance animale.
- Ne pas arrêter totalement le compostage : corriger la gestion est plus efficace que renoncer.
Le rôle clé du brassage dans la gestion du compost
Au-delà de la lutte contre les rats, brasser régulièrement le compost présente plusieurs avantages :
- Oxygénation → limite les mauvaises odeurs.
- Accélération de la décomposition.
- Homogénéité du mélange.
- Empêche la formation de zones “vides” où les rats pourraient s’installer.
Le brassage quotidien pendant une semaine est une mesure de crise, mais à long terme, un brassage hebdomadaire ou bimensuel suffit pour maintenir un compost sain.
Prévenir plutôt que guérir : les bonnes pratiques
- Équilibrer les apports : 50 % verts (azote) / 50 % bruns (carbone).
- Cacher les restes frais sous une couche de matière sèche.
- Brasser régulièrement pour éviter les zones de confort.
- Surveiller le composteur et agir vite en cas de suspicion de rongeurs.
- Sécuriser physiquement le bac si nécessaire.
Avoir des rats dans le compost n’est pas une fatalité.
C’est généralement le signe que la gestion doit être améliorée : apports trop riches en protéines animales, manque de brassage, composteur mal protégé. En perturbant leur habitat (brassage intégral pendant une semaine), en corrigeant les apports et en sécurisant le composteur, on règle durablement le problème.
Le compostage reste un geste écologique précieux : il réduit les déchets ménagers, enrichit le sol, et participe à une économie circulaire naturelle. Un compost bien géré nourrit les plantes, pas les rats.