Ce principe traite des aspects autorégulateurs de la conception permaculturelle. Ces derniers permettent de réduire ou décourager la croissance inappropriée et les comportements malvenus. L’autorégulation apparaît lorsqu’il y a un équilibre entre les rétroactions positives et négatives. Avec une meilleure compréhension de la façon dont fonctionnent les rétroactions positives et négatives, nous pouvons alors concevoir des systèmes qui sont mieux autorégulés.

  • Le principe 3 « Créer une production » décrivait une rétroaction dans laquelle l’énergie provenant de stocks permettait de collecter davantage d’énergie. Il s’agit d’un exemple de boucle de rétroaction positive. On peut voir cela comme un booster d’énergie.
  • De la même façon, une rétroaction négative est un frein. Une rétroaction négative est un processus qui minimise ou réduit un effet initial. En général, une perturbation provoque un effet secondaire qui, à son tour, minimise l’ampleur de la perturbation initiale. Cela entraîne une diminution du changement initial, empêchant le système de sortir de son état d’équilibre.

On pourrait dire que les systèmes auto-entretenus et autorégulés sont un peu comme le « Saint Graal » de la permaculture.

Il s’agit presque d’un idéal que nous nous efforçons d’atteindre. Mais peut-être sans jamais y parvenir réellement.

Un système composé d’éléments autonomes est plus robuste face aux perturbations extérieures.

Pour favoriser l’autorégulation on peut utiliser des variétés végétales locales ou encore de races animales rustiques. Ces dernières sont capables de se reproduire seules au lieu des variétés sursélectionnées et fragiles.

Plus généralement, une paysannerie auto-suffisante était considérée autrefois comme le fondement d’un pays fort et indépendant.

Les économies mondialisées d’aujourd’hui conduisent à une plus grande instabilité.

En effet, une situation dans un pays donné a des répercussions en cascade sur toute la planète. Par exemple, au Canada en 2021 il y a eu un dôme de chaleur. À la fin du mois de juin le pays enregistré des températures extrêmement élevées et inhabituelles, atteignant les 50°C. Cela entravé la production et la récolte de graines de moutarde. Et quelques mois plus tard, cela a provoqué une pénurie de moutarde dans nos supermarchés. Dans le cas de la moutarde, ce n’est pas si grave car on peut vivre sans. Mais parfois l’instabilité d’un pays ou d’une région peut avoir des conséquences plus importantes. Par exemple, depuis le début de la guerre en Ukraine, on observe la montée en flèche du prix des aliments de base, tels que le blé, le canola et les autres grains. L’ONU craint même que cela entraine « un ouragan de famines ». Car de nombreux pays africains importaient plus de la moitié de leur blé d’Ukraine.

La recherche de l’autonomie et de l’autorégulation augmente la résilience.

Dans un monde de descente énergétique, l’autonomie deviendra une valeur plus prisée à mesure que le flux continu de ressources se tarira et que les économies d’échelle et les avantages de la spécialisation s’amenuiseront .

Les organismes aussi bien que les individus s’adaptent aux rétroactions négatives des systèmes naturels en élaborant des mécanismes d’autorégulation pour anticiper et éviter l’impact plus sévère de ces rétroactions négatives externes.

Pour illustrer ce concept, Bill Mollison et David Holmgren, les fondateurs du concept de permaculture, prennent l’exemple des kangourous. Ces derniers interrompent le développement de leurs embryons si les conditions saisonnières paraissent défavorables. Ainsi cela réduit les tensions ultérieures sur la population et sur l’environnement.

Le principe 4, qui vise à appliquer l’autorégulation et accepter la rétroaction a pour proverbe  » Les fautes des pères rejailliront sur les enfants jusqu’à la septième génération! ».

Ce proverbe montre que les conséquences peuvent avoir des répercutions pendant longtemps. Les sociétés traditionnelles étaient plus conscientes que les effets des boucles de rétroaction mettaient un certain temps à se faire sentir.

Dans la société moderne, pour satisfaire nos besoins, nous avons pris l’habitude d’être dépendants des systèmes à grande échelle, souvent éloignés.

En un sens, notre société est comme un enfant capricieux qui veut tout, et tout de suite. Mais qui fait fi des conséquences, du moment qu’elles ne sont pas sous ces yeux.

Le développement de comportements et de cultures mieux adaptés aux signaux de rétroaction que la nature nous envoie pour prévenir la surexploitation est l’un des défis des décennies à venir.

En permaculture, en dissuadant les activités néfastes, on assure que les systèmes pourront continuer de fonctionner correctement.

principe-permaculture-autorégulation Appliquer l'auto-régulation et accepter la rétroaction

Le principe 4, celui qui invite à appliquer l’autorégulation et accepter la rétroaction a pour icône une planète.

Le symbole de la Terre entière fournit l’exemple le plus vaste possible d’un organisme auto-régulé, sujet à des mécanismes de rétroaction, tels que le changement climatique.

Ce 4ème principe a été pour ma part le plus difficile à assimiler et à bien saisir. C’est vraiment le principe de l’essai-erreur. Il faut du coup accepter de faire quelques pas en arrière pour mieux repartir. Il faut aussi accepter d’essayer autre chose.

Source : Principles & Pathways Beyond Sustainability de David Holmgren

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