Dans le royaume des soins aux arbres, le sécateur et la scie jouent un rôle essentiel, sculptant les formes et stimulant la fructification. Cependant, une taille inappropriée peut s’avérer létale à moyen terme. Les arbres ont une manière singulière de réagir aux plaies de taille, une connaissance cruciale pour leur santé et leur bien-être.

L’écorce d’un arbre est sa première ligne de défense contre les agressions extérieures. Toutefois, cette protection n’empêche pas les micro-organismes pathogènes de pénétrer les tissus internes suite à une taille ou une blessure. Les spores de champignons et de bactéries peuvent se glisser dans les tissus exposés à l’air.

Stratégies de défense de l’arbre

Contrairement à un système immunitaire, les arbres ne peuvent pas combattre les infections internes.

Leur réponse consiste à empêcher les intrus d’avancer davantage dans les tissus. Cette stratégie se manifeste par la compartimentation, où l’arbre établit des barrières chimiques pour ralentir la progression des agresseurs, en particulier les champignons xylophages. La cicatrisation est également cruciale : l’arbre forme un bourrelet de recouvrement qui reforme une écorce sur la plaie, contenant ainsi l’infection.

La manière dont vous taillez vos arbres peut influencer leur réaction aux plaies.

Une taille soigneuse et bien exécutée réduit les risques d’infection. Il est essentiel de respecter les pratiques appropriées de taille, d’utiliser des outils tranchants et propres, et de prendre en compte les facteurs environnementaux.

En comprenant comment les arbres réagissent aux plaies de taille et en adoptant des pratiques de taille responsables, vous pouvez protéger la santé à long terme de vos arbres et assurer leur bien-être dans votre verger.

Compartimentation : l’arbre qui se défend

Dans le monde des arbres, une bataille silencieuse se déroule après chaque taille ou blessure. C’est le mécanisme de compartimentation, une réaction invisible aux yeux de l’arboriculteur, mais cruciale pour la survie de l’arbre. Cette découverte est attribuée au biologiste Alex Shigo, qui a percé le mystère de la manière dont les arbres se défendent contre les menaces microbiennes.

Les Barrières de défense de l’arbre

Alex Shigo a identifié quatre types de barrières que les arbres érigent afin de se prémunir contre les infections et la pourriture :

1. Barrière longitudinale :

Cette barrière ralentit la progression des micro-organismes le long des canaux de sève. L’arbre obstrue ces voies, empêchant ainsi l’infection de se propager.

2. Barrière frontale :

Les cellules des cernes du bois épaississent leurs parois en profondeur afin de contrer l’attaque des champignons.

3. Barrière latérale :

Les cellules des rayons médullaires subissent des transformations chimiques qui les rendent toxiques pour les micro-organismes.

4. Nouvelle barrière :

Se formant dans le nouveau bois qui se développe après la blessure, cette barrière est enrichie en substances peu propices à la putréfaction, comme les tanins, les phénols et la subérine.

Suite aux plaies, la cicatrisation

Ces barrières ont un objectif clair : freiner la progression des micro-organismes et donner à l’arbre le temps de former une nouvelle écorce sur la plaie.

La cicatrisation est la phase ultime où l’arbre rétablit son étanchéité à l’air et ferme l’entrée aux envahisseurs.

L’observation de la compartimentation a révolutionné notre compréhension de la manière dont les arbres se protègent et guérissent après une taille ou une blessure. Cette danse subtile entre les mécanismes de défense de l’arbre et les menaces extérieures est un rappel puissant de la résilience et de l’ingéniosité de la nature.

Le bourrelet de recouvrement

Le bourrelet de recouvrement émerge progressivement suite à une blessure, constitué par le cambium, le même tissu qui permet également la greffe des arbres. Ce bourrelet grandit de l’extérieur vers le centre de la plaie, reformant ainsi une nouvelle écorce protectrice.

Alex Shigo a mis en lumière deux zones clés dans le processus de cicatrisation : les rides et le col de la branche.

Ces zones, marquant la jonction entre une branche maîtresse et sa branche secondaire, jouent un rôle vital dans la défense de l’arbre contre les micro-organismes. Leurs constituants empêchent la pénétration des envahisseurs, renforçant ainsi la compartimentation.

Ces zones sont également des foyers d’activité cellulaire intense, ce qui accélère la formation du bourrelet de recouvrement cicatriciel. Cette réponse rapide et efficace assure que la plaie soit scellée rapidement et que l’arbre puisse reprendre son cycle de croissance et de protection.

La manière dont vous coupez une branche a un impact profond sur la santé future de votre arbre.

  • Plan de coupe :
    Un plan de coupe optimal s’étend de la fin des rides à la fin du collet de la branche. Il est essentiel de ne pas laisser des plaies ou des morceaux de branche qui pourraient entraver la fermeture du bourrelet de recouvrement. Une coupe mal exécutée pourrait laisser une ouverture pour les envahisseurs, augmentant le risque de pourriture.
  • Diamètre de coupe :
    En règle générale, les plaies de taille ayant un diamètre supérieur à 10 cm ont peu de chances de cicatriser efficacement. Cependant, cette règle peut varier en fonction de l’espèce et de la santé de l’arbre. Par exemple, pour un cerisier, il est conseillé d’éviter de couper des branches dépassant 5 cm de diamètre.
  • Utilisation de mastic :
    Les mastics cicatrisants sont parfois peu utiles, car l’arbre a sa propre capacité de protection.
  • Outils de taille :
    Afin de préserver les tissus, il est primordial de travailler avec des outils bien affûtés. Lors de l’utilisation du sécateur, assurez-vous que la lame soit dirigée vers l’arbre et la contre-lame vers la branche que vous coupez. Pour les branches plus épaisses, préférez une scie à un sécateur à manches.
  • Période de taille :
    Elle a un impact considérable sur la réaction de l’arbre. La taille en vert, en dehors de la montée de sève, permet une réaction immédiate car l’arbre est alors actif. Cette méthode peut produire de meilleurs résultats que la taille en hiver. Pour les arbres à noyaux, qui ont tendance à cicatriser plus lentement, la période après la récolte, lorsque les arbres sont encore en feuille, est souvent choisie.

Respecter ces principes assure la santé à long terme de vos arbres, favorisant leur cicatrisation et leur pérennité.

Une taille bien exécutée garantie non seulement la beauté de votre jardin, mais aussi la vitalité de vos arbres fruitiers.

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