L’ortie, souvent perçue comme une mauvaise herbe urticante à éliminer de nos jardins, est en réalité une plante aux multiples vertus. Non seulement elle sert de refuge à de nombreux papillons, mais elle est aussi un allié précieux pour le jardinier. Plutôt que de la combattre, pourquoi ne pas apprendre à la connaître et à l’apprécier ? Embarquons ensemble pour découvrir les secrets de cette plante fascinante.

L’ortie : une oasis pour les papillons

Saviez-vous que l’ortie est la plante hôte unique de plusieurs espèces de papillons ? Parmi eux, on trouve la Carte géographique, le Paon-du-Jour, la Petite Tortue et le Vulcain. Ces papillons dépendent entièrement de l’ortie pour leur reproduction, car leurs chenilles ne se nourrissent que de ses feuilles.

Des papillons fidèles à l’ortie

Outre ces espèces, une vingtaine d’autres papillons utilisent l’ortie comme l’une de leurs plantes hôtes. C’est le cas de la Belle-Dame, aussi appelée Vanesse du chardon, qui pond également sur les chardons, du Robert-le-Diable, qui apprécie aussi le houblon, et de l’Écaille chinée, qui pond sur l’eupatoire. En accueillant l’ortie dans nos jardins, nous favorisons donc la biodiversité et aidons ces magnifiques insectes à prospérer.

Comment favoriser la présence des papillons ?

Inutile de laisser l’ortie envahir tout le jardin ! Les papillons pondent principalement sur les tiges périphériques, délaissant le cœur de la plante. Quelques touffes bien placées suffisent. L’ortie aime la fraîcheur et la mi-ombre. Vous pouvez la planter près d’une barrière en bois orientée au sud. Les chenilles pourront ainsi profiter du soleil pour se transformer en chrysalides, en se fixant sur le bois.

Pas de barrière en bois sous la main ? Laissez libre cours à votre créativité ! Pourquoi ne pas installer une sculpture inspirée de Brancusi ? Après tout, l’artiste s’est inspiré des barrières paysannes roumaines. Cela ajoutera une touche artistique à votre jardin tout en aidant les papillons.

L’ortie : un engrais et un antiparasitaire naturel

En plus d’être une alliée des papillons, l’ortie est une ressource précieuse pour le jardinier. Le purin d’ortie est un engrais naturel riche en azote et un excellent antiparasitaire. Pourtant, cette préparation a suscité des controverses.

Un produit trop efficace pour être vrai ?

Le purin d’ortie s’est attiré les foudres de l’industrie chimique. Classé comme « produit peu préoccupant » (PPP), il a même été interdit à la vente pendant un temps. Pourquoi ? Probablement parce qu’il est trop naturel, trop efficace et surtout… gratuit ! Cette interdiction a soulevé de nombreuses protestations parmi les jardiniers et les défenseurs de l’environnement.

L’action militante de Gilles Clément

Le paysagiste Gilles Clément a décidé de réagir face à cette situation. Son idée était simple : s’il est interdit de vendre du purin d’ortie, autant le donner ! Pour protester contre la loi d’orientation agricole de 2006 et la « confiscation du bien commun et sa marchandisation par le brevetage du vivant », il a planté un champ d’orties et distribué gratuitement du purin sur les marchés.

L’ortie, une plante riche en silice

L’ortie est une véritable mine de nutriments. Elle est riche en minéraux, vitamines et oligo-éléments, notamment en silice. Cette richesse explique en partie ses bienfaits pour le jardin et la santé.

Pourquoi les orties piquent-elles ?

Qui ne s’est jamais fait piquer par une ortie en jardinant ? Mais savez-vous pourquoi elles piquent ? Catherine Lenne, maître de conférences en biologie végétale, explique que l’ortie a développé une stratégie de défense pour se protéger des herbivores. Ses poils urticants sont armés d’un aiguillon de silice, solide pour pénétrer la peau, mais fragile pour se casser et libérer une injection d’acide formique. Une défense efficace pour avoir la paix !

Faire son purin d’ortie soi-même

Envie de profiter des bienfaits du purin d’ortie ? Rien de plus simple que de le préparer soi-même. Voici comment faire.

Récolter les orties

Pour faire votre purin, vous aurez besoin d’une quantité suffisante d’orties. Laissez pousser des masses plus importantes dans un coin du jardin. Rassurez-vous, comme les papillons pondent surtout sur les tiges périphériques, vous pourrez récolter le centre de la touffe sans déranger les œufs ni les chenilles.

La recette du purin d’ortie

Ingrédients :

  • 1 kg d’orties fraîches (sans les graines ni les racines)
  • 10 litres d’eau (de préférence de pluie)
  • Un seau ou un contenant non métallique

Préparation :

  1. Hacher les orties : Coupez les orties en morceaux pour faciliter la fermentation.
  2. Mélanger avec l’eau : Placez les orties dans le seau et ajoutez l’eau.
  3. Couvrir : Couvrez le seau, mais sans fermer hermétiquement pour laisser les gaz s’échapper.
  4. Remuer quotidiennement : Mélangez le contenu une fois par jour.
  5. Fermentation : Laissez fermenter pendant environ 10 jours. La durée peut varier en fonction de la température. La fermentation est terminée lorsque des petites bulles ne se forment plus à la surface.
  6. Filtrer : Passez le mélange à travers un tissu ou un tamis pour enlever les résidus solides.
  7. Conserver : Stockez le purin filtré dans des contenants opaques, à l’abri de la lumière et au frais. Il est utilisable pendant environ six mois.

Note : L’odeur du purin d’ortie peut être assez forte. Il est donc conseillé de le préparer et de le conserver loin de la maison.

Utilisation du purin d’ortie

Le purin d’ortie est très concentré et doit être dilué avant utilisation.

  • Comme engrais : Diluez 2 volumes de purin pour 10 volumes d’eau. Arrosez le pied des plantes pour stimuler leur croissance.
  • Comme antiparasitaire : Diluez 1 volume de purin pour 10 volumes d’eau. Pulvérisez sur les plantes pour prévenir les attaques de parasites.

Précautions :

  • N’utilisez pas le purin d’ortie sur des plantes en fleurs ou sur des jeunes plants sensibles.
  • Évitez de le stocker trop longtemps. S’il vous en reste, utilisez-le comme activateur de compost.
  • Ne l’utilisez pas à l’intérieur ! L’odeur est persistante et désagréable. Une expérience malheureuse peut suffire à s’en souvenir…

L’ortie en cuisine : la soupe d’orties

L’ortie n’est pas seulement utile au jardin, elle est aussi délicieuse en cuisine ! Riche en fer, en vitamines et en minéraux, elle est consommée depuis des siècles.

Comment préparer une soupe d’orties ?

Ingrédients :

  • 500 g de jeunes pousses d’orties
  • 2 pommes de terre
  • 1 oignon
  • 1 litre de bouillon de légumes
  • Sel, poivre
  • Une noix de beurre ou un filet d’huile d’olive
  • Crème fraîche (facultatif)

Préparation :

  1. Précautions : Portez des gants pour récolter et manipuler les orties. Une fois cuites, elles ne piquent plus.
  2. Nettoyer les orties : Rincez-les soigneusement à l’eau claire.
  3. Préparer les légumes : Épluchez et coupez les pommes de terre en dés. Émincez l’oignon.
  4. Faire revenir l’oignon : Dans une casserole, faites revenir l’oignon avec le beurre ou l’huile jusqu’à ce qu’il soit translucide.
  5. Ajouter les orties et les pommes de terre : Faites-les revenir quelques minutes avec l’oignon.
  6. Ajouter le bouillon : Versez le bouillon de légumes. Portez à ébullition.
  7. Cuisson : Laissez mijoter pendant 20 minutes, jusqu’à ce que les pommes de terre soient tendres.
  8. Mixer : Mixez la soupe jusqu’à obtenir une texture lisse.
  9. Assaisonner : Salez et poivrez selon votre goût.
  10. Servir : Servez chaud, avec une cuillère de crème fraîche si vous le souhaitez.

Astuce : Utilisez uniquement de jeunes pousses d’orties. Les feuilles plus âgées peuvent être fibreuses et moins savoureuses.

L’ortie : une plante aux multiples vertus

Vertus médicinales

Sans entrer dans les détails, l’ortie est reconnue pour ses propriétés médicinales. Elle est utilisée en phytothérapie pour ses effets diurétiques, anti-inflammatoires et reminéralisants. Des tisanes d’ortie peuvent aider à lutter contre la fatigue ou les douleurs articulaires. Toutefois, il est toujours préférable de consulter un professionnel de santé avant de l’utiliser à des fins thérapeutiques.

Utilisation textile

Eh oui, l’ortie a aussi une histoire dans le monde du textile ! Ses fibres, solides et résistantes, ont été utilisées pour fabriquer des tissus, notamment pendant les périodes de pénurie de coton. Aujourd’hui, certains artisans redécouvrent cette utilisation, cherchant des alternatives écologiques aux fibres traditionnelles.

Contrôler l’ortie dans le jardin

Si l’ortie est pleine de qualités, elle peut aussi être envahissante. Voici quelques conseils pour la maîtriser :

  • Délimiter une zone : Plantez l’ortie dans un endroit précis du jardin, délimité par des bordures ou des barrières pour éviter qu’elle ne s’étende trop.
  • Couper les fleurs : Avant qu’elles ne montent en graines, coupez les fleurs pour empêcher la dissémination.
  • Surveiller les repousses : Arrachez régulièrement les nouvelles pousses qui apparaissent hors de la zone souhaitée.

Laisser une place à la nature

En accueillant l’ortie, vous participez à la préservation de la biodiversité. Les papillons, mais aussi d’autres insectes, en profiteront. De plus, l’ortie enrichit le sol et favorise un écosystème sain.

L’ortie est bien plus qu’une simple mauvaise herbe urticante.

Elle est un véritable trésor pour le jardinier et la nature. En l’intégrant intelligemment dans nos jardins, nous offrons un refuge aux papillons, enrichissons notre sol et profitons de ses nombreux bienfaits.

Alors, la prochaine fois que vous verrez une ortie pointer le bout de son nez, pensez-y à deux fois avant de l’arracher. Peut-être mérite-t-elle une petite place dans votre coin de verdure ?



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5 avantages remarquables de l’ortie

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