Acheter un terrain pour y bâtir sa maison ou créer un jardin est un rêve pour beaucoup. Cependant, avant de signer quoi que ce soit, il est crucial de bien observer la végétation qui y pousse. Cela peut sembler anodin, mais ce que vous voyez sur le sol peut en réalité révéler beaucoup sur la qualité de ce terrain. Votre agent immobilier ne vous parlera probablement pas de ce genre de détails, mais les plantes présentes sur le terrain sont comme des témoins silencieux de la santé du sol.

Voici pourquoi il est important de prêter attention aux plantes bio-indicatrices avant de se lancer dans l’achat d’un terrain.

Certaines d’entre elles peuvent en effet révéler des sols en très mauvais état, pollués ou infertiles. Et si vous rêvez d’un jardin luxuriant avec des oiseaux et des papillons, mieux vaut fuir certains de ces terrains !

Les plantes bio-indicatrices : qu’est-ce que c’est ?

Les plantes bio-indicatrices sont des végétaux capables de révéler l’état du sol sur lequel elles poussent. Certaines plantes sont très spécifiques et ne poussent que dans des conditions particulières, tandis que d’autres sont plus tolérantes, mais révèlent tout de même des informations sur le type de sol, sa richesse ou sa pollution.

Gérard Ducerf, spécialiste en la matière, a publié une Encyclopédie des plantes bio-indicatrices, qui fait office de référence. Il y classe les plantes selon deux catégories :

  • L’agronomie : ce logo indique la fertilité et la qualité des sols pour l’agriculture.
  • L’écologie : ce logo montre la dynamique des milieux naturels, leur richesse ou leur dégradation.

Chaque catégorie peut être marquée par un logo vert (sol sain), jaune (sol à surveiller) ou rouge (sol dégradé). Si un terrain montre beaucoup de plantes avec un logo « rouge » dans les deux catégories, cela signifie que le sol est en mauvais état, voire irrécupérable.

Les plantes qui alertent sur la mauvaise qualité du sol

Voici quelques exemples de plantes qui devraient vous alerter si vous les croisez en grande quantité sur un terrain. Elles sont souvent synonymes de sols appauvris, pollués ou compacts.

Datura stramonium (Datura stramoine, pomme épineuse

1. Datura stramonium (Datura stramoine, pomme épineuse)

C’est une plante toxique et invasive, particulièrement présente dans le sud de la France. Le datura stramoine est non seulement dangereux (mortel pour les humains et les animaux en cas d’ingestion), mais il révèle aussi une pollution du sol. Si vous trouvez du datura sur un terrain, cela peut indiquer une contamination par des produits chimiques comme des engrais, des pesticides ou des pollutions industrielles. Elle pousse également dans des sols compacts des régions littorales, où l’excès de sels est souvent un problème.

Signe de pollution : engrais chimiques, sels, irrigation excessive.

hytolacca americana (Raisin d'Amérique, phytolaque

2. Phytolacca americana (Raisin d’Amérique, phytolaque)

Cette grande plante toxique, avec ses baies noires et ses fleurs blanches, est souvent vue dans les friches et les zones déboisées. Elle est un signe que le sol est saturé en matière organique, mais une matière organique qui n’est plus utile aux plantes. En gros, le sol est encombré de débris organiques en décomposition, mais qui ne se transforment plus en nutriments pour les plantes.

Signe de pollution : sol engorgé de matière organique « fossilisée ».

Reynoutria japonica (Renouée du Japon)

3. Reynoutria japonica (Renouée du Japon)

La renouée du Japon est l’une des plantes les plus envahissantes en Europe. Si vous la trouvez sur un terrain, vous pourriez être confronté à un vrai cauchemar. Elle pousse rapidement, détruit les écosystèmes locaux et est très difficile à éradiquer. En plus, elle révèle souvent des sols contaminés par des métaux lourds, tels que l’aluminium.

Signe de pollution : métaux lourds, sols métallifères.

Xanthium strumarium (Lampourde)

4. Xanthium strumarium (Lampourde)

Cette plante, reconnaissable à ses fruits hérissés, pousse souvent dans les zones humides ou inondées. Elle indique des sols compacts et mal drainés, souvent gorgés d’eau, ce qui empêche la bonne aération du sol. Elle signale aussi une salinisation du sol, souvent causée par une irrigation excessive.

Signe de pollution : excès d’azote, tassement du sol, salinisation.

Ambrosia artemisiifolia (Ambroisie à feuilles d'armoise)

5. Ambrosia artemisiifolia (Ambroisie à feuilles d’armoise)

Originaire d’Amérique du Nord, l’ambroisie s’est bien implantée en France. On la retrouve notamment dans les zones perturbées par l’agriculture intensive ou les grands travaux urbains. Son pollen est extrêmement allergène et peut provoquer de graves problèmes respiratoires. Mais surtout, elle pousse dans des sols appauvris, souvent stérilisés par un usage intensif de produits chimiques ou de labours trop profonds.

Signe de pollution : perte d’humus, destruction des sols par des intrants chimiques.

Comment interpréter ce que vous voyez ?

Ces exemples montrent que les plantes présentes sur un terrain peuvent être de précieuses alliées pour détecter les problèmes avant d’investir. Cependant, il est important de noter que pour qu’une plante soit considérée comme bio-indicatrice, elle doit couvrir environ 70 % du sol ou pousser à une densité de 4 à 5 pieds par mètre carré. Si vous ne voyez que quelques spécimens isolés, il se peut que ce soit simplement un accident de la nature, sans que cela reflète la qualité globale du terrain.

De plus, certaines plantes peuvent pousser sur des terrains dégradés par l’homme, mais qui sont encore fertiles pour l’agriculture. C’est pourquoi il est essentiel de bien différencier les plantes bio-indicatrices qui révèlent une pollution agricole des plantes qui pointent vers des sols naturels en bon état, mais peu propices à la culture.

Que faire si vous tombez sur un terrain « rouge » ?

Si vous trouvez un terrain où la majorité des plantes bio-indicatrices pointent vers des problèmes écologiques ou agricoles, mieux vaut réfléchir à deux fois avant d’acheter. Voici quelques solutions :

1. Analyse du sol

Avant de vous engager, demandez une analyse du sol. Cela vous permettra de savoir avec certitude si le terrain est pollué et si des actions peuvent être prises afin d’améliorer sa qualité.

2. Remédiation écologique

Certaines pollutions peuvent être traitées, par exemple en ajoutant des amendements spécifiques ou en pratiquant la phytoremédiation, une technique qui consiste à utiliser des plantes pour dépolluer les sols. Cependant, cela peut être long et coûteux.

3. Reboisement ou prairie sauvage

Si le sol est en trop mauvais état pour envisager un jardin ou une culture, vous pouvez transformer le terrain en un espace naturel avec des plantes indigènes adaptées. Cette approche peut être bénéfique pour la biodiversité locale et créer un petit refuge pour les insectes et oiseaux.

Un terrain à la loupe, un jardin sans soucis

Avant d’acheter un terrain, prenez le temps d’observer attentivement ce qui y pousse. Les plantes bio-indicatrices sont une véritable mine d’informations. Elles nous informent notamment sur l’état des sols, et elles vous permettront de savoir si le terrain est fertile, pollué ou compacté. En prêtant attention à ces signes naturels, vous éviterez ensuite de nombreux désagréments. Vous pourrez peut-être même économiser beaucoup d’argent sur des travaux de remise en état. Alors, avant de signer, promenez-vous, regardez ce qui pousse !

Découvrez également

Laissez un commentaire

Votre adresse électronique ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'un astérisque *.