Aujourd’hui, j’ai envie de partager avec vous ma découverte récente de l’aubépine, un arbuste que j’ai longtemps vu sans vraiment y prêter attention. Pourtant, en y regardant de plus près, cet arbuste est plein de surprises, autant pour ses qualités ornementales que pour ses usages culinaires et médicinaux. Vous allez voir, c’est vraiment un trésor méconnu de nos campagnes!
L’aubépine, que les botanistes appellent Crataegus monogyna, appartient à la famille des Rosacées. Vous l’avez peut-être déjà croisée sans le savoir sous d’autres noms : bois de mai, cenellier, épine blanche… Ce qui est sûr, c’est qu’on la repère de loin grâce à ses fleurs blanches au parfum puissant et à ses baies rouges, parfois surnommées poires-à-bon-Dieu, poires-à-cochons ou poirettes.
L’arbuste est très ramifié et couvert d’épines. Ses feuilles caduques, d’un vert clair ou foncé, sont profondément divisées en cinq à sept lobes (parfois seulement trois). En mai-juin, l’aubépine se pare de corymbes de petites fleurs blanches ou rosées à cinq pétales. Puis, à partir de septembre, apparaissent les baies rouges appelées cenelles, chacune contenant un seul noyau.
Un bois de qualité
L’aubépine ne se contente pas d’être belle; elle est aussi utile. Son bois est clair, avec des teintes variant du brun crème au brun rosâtre. Il est dur et finement grainé, idéal pour fabriquer des manches de couteau ou d’autres petits objets de bois.
Où la trouver?
L’aubépine est commune sur tout le territoire métropolitain français. Elle préfère les bois clairs, les lisières, les haies et les bords de chemin, plutôt que les forêts denses. Peu exigeante, elle peut même pousser dans des terrains en friche.
La cueillette
La cueillette de l’aubépine se fait en plusieurs temps. Les fleurs se récoltent au printemps, autour de mai-juin, tandis que les baies sont mûres de fin août à novembre, voire décembre. Attention lors de la cueillette, les épines peuvent être traîtresses!
Saveurs et bienfaits des baies d’aubépine
Les baies d’aubépine ont une chair jaunâtre et farineuse, au goût assez neutre. Réduites en purée, elles peuvent servir de succédané de sauce tomate ou être incorporées à de la farine pour préparer des galettes, des quenelles, voire du pain. Les fleurs, malgré leur odeur forte et plutôt désagréable, sont très intéressantes pour leurs vertus médicinales. On les utilise notamment en infusion pour traiter certains troubles cardiaques.
L’aubépine à deux styles
Un petit mot sur une cousine proche : l’aubépine à deux styles, Crataegus laevigata. Elle est un peu plus petite (2-3 mètres de hauteur) et ses cenelles contiennent deux ou trois noyaux. Les usages de ses fruits et fleurs sont similaires à ceux de l’aubépine monogyne.
Recette de marmelade de baies d’aubépine
Pour ceux qui aiment mettre les mains à la pâte, voici une recette de marmelade de baies d’aubépine que j’ai testée récemment. Elle est délicieuse et surprendra vos papilles!
Ingrédients
Pour environ 4 pots de 375g :
- 1,6 kg de baies d’aubépine
- 1 verre d’eau
- du sucre en poudre
- 1 demi-citron
Préparation
- Rincez les baies, supprimez les pédoncules et les parties noires.
- Versez les baies dans une bassine à confiture avec un grand verre d’eau, et faites-les cuire quelques minutes à feu vif, jusqu’à ce qu’elles éclatent. Remuez régulièrement pour éviter qu’elles n’attachent.
- Laissez refroidir et passez la préparation à l’étamine pour récupérer toute la pulpe, sans les graines et les peaux.
- Remettez la pulpe obtenue sur le feu dans votre bassine, ajoutez la moitié du poids de la pulpe en sucre, le jus du demi-citron et mélangez bien.
- Après ébullition, laissez cuire environ 15 à 20 minutes à petits bouillons, en remuant régulièrement. Si nécessaire, écumez et rajoutez un peu d’eau. La préparation doit avoir la consistance d’une purée.
- Conditionnez la marmelade dans des pots stérilisés.
Astuce
Vous pouvez parfumer votre marmelade avec de la vanille, des clous de girofle ou de la cannelle pour un goût encore plus savoureux.
Vin de baies d’aubépine
Si vous souhaitez essayer quelque chose de vraiment original, pourquoi ne pas préparer du vin de baies d’aubépine? C’est une boisson artisanale qui surprendra vos invités et ajoutera une touche rustique à vos repas.
Ingrédients
Pour environ 4 litres de vin:
- 1,5 kg de baies d’aubépine
- 1,5 kg de sucre
- 4 litres d’eau
- 1 citron
- 1 sachet de levure de vin
- Préparation des baies
Rincez les baies d’aubépine et enlevez les pédoncules et les parties abîmées.
Écrasez légèrement les baies pour libérer les jus, mais sans les réduire en purée. - Cuisson
Dans une grande casserole, portez l’eau à ébullition.
Ajoutez les baies écrasées et laissez mijoter pendant 30 minutes.
Retirez du feu et laissez refroidir. - Filtrage
Filtrez le mélange à travers une étamine ou un chiffon propre pour recueillir le jus sans les peaux et les noyaux.
Mesurez la quantité de liquide obtenue et ajoutez 1 kg de sucre par litre de liquide. - Fermentation
Remettez le liquide sucré dans la casserole et portez à ébullition pour dissoudre complètement le sucre.
Laissez refroidir jusqu’à ce que le mélange soit tiède.
Ajoutez le jus du citron et la levure de vin, puis mélangez bien.
Versez le tout dans un grand récipient de fermentation, comme une bonbonne ou un seau de fermentation, en laissant de l’espace pour la formation de mousse. - Fermentation secondaire
Couvrez le récipient avec un bouchon muni d’un barboteur pour permettre au gaz de s’échapper sans laisser entrer l’air.
Laissez fermenter à température ambiante pendant 3 à 4 semaines, ou jusqu’à ce que la fermentation soit terminée (plus de bulles dans le barboteur). - Maturation
Lorsque la fermentation est terminée, siphonnez le vin dans des bouteilles propres en évitant de transférer les sédiments du fond.
Bouchonnez les bouteilles et laissez vieillir pendant au moins 6 mois dans un endroit frais et sombre avant de déguster.
Le résultat est un vin de baies d’aubépine aux saveurs délicates et légèrement sucrées, parfait pour accompagner un repas ou pour être savouré seul.
Voilà, j’espère que cette petite incursion dans l’univers de l’aubépine vous aura plu.
La prochaine fois que vous croiserez cet arbuste en vous promenant, vous le connaitrez davantage et, qui sait, peut-être que vous vous laisserez tenter par une cueillette ou par la confection d’une délicieuse marmelade maison.
À bientôt pour de nouvelles découvertes!