Les oiseaux du jardin sont souvent vulnérables, surtout en période de grand froid, de neige ou de verglas, lorsque leurs capacités à se nourrir et à se protéger sont fortement réduites. Cette vulnérabilité est accentuée par la présence des chats domestiques, redoutables prédateurs pour la petite faune sauvage. En réponse à cette problématique, la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) a initié, depuis 2016, une campagne visant à sensibiliser les propriétaires de chats et à promouvoir des solutions pour une cohabitation harmonieuse entre les félins domestiques et les oiseaux du jardin.

À travers cet article, nous explorerons les recommandations de la LPO, les résultats d’enquêtes participatives et les astuces pratiques pour protéger les oiseaux tout en respectant la nature des chats. Nous verrons également comment adapter nos pratiques pour limiter l’impact de ces animaux domestiques sur la faune sauvage locale.

Pourquoi les chats constituent un danger pour les oiseaux

Les chats, qu’ils soient domestiques ou errants, sont des chasseurs naturels. Leur instinct prédateur les pousse à capturer de petites proies, même s’ils sont bien nourris à la maison. Cela pose un véritable problème pour les oiseaux, en particulier lors des périodes où ils sont plus vulnérables, comme l’hiver ou la saison de nidification.

En France, on estime à près de 13 millions le nombre de chats domestiques, auxquels s’ajoutent entre 8 et 10 millions de chats errants. Selon les études, chaque chat peut tuer entre 5 et 10 oiseaux par an, ce qui représente un impact significatif sur les populations d’oiseaux. Les jeunes oiseaux et ceux qui sortent tout juste du nid sont particulièrement exposés aux attaques de chats, surtout durant leurs premières tentatives de vol.

La prédation par les chats affecte de nombreuses espèces d’oiseaux, y compris celles qui sont déjà en déclin à cause d’autres facteurs comme la destruction des habitats naturels, l’utilisation de pesticides ou la pollution. La LPO cherche donc à sensibiliser les propriétaires de chats aux dangers que leurs animaux représentent pour la faune et à encourager des comportements responsables pour limiter les impacts négatifs.

Enquête participative : comment réduire la prédation des chats

En 2016, la LPO a lancé une enquête participative à grande échelle, où 40 volontaires ont testé divers dispositifs et techniques afin d’éloigner les chats des zones sensibles du jardin. Le but de cette enquête était de trouver des solutions efficaces permettant aux chats de cohabiter avec la faune sauvage, sans perturber l’écosystème local.

Les participants ont utilisé plusieurs outils et méthodes, certains étant déjà connus, d’autres étant expérimentaux. Les résultats de ces tests ont permis de dégager des pistes concrètes de façon à aider les propriétaires de chats à adopter des comportements respectueux de la faune. Deux courtes vidéos résumant ces expériences ont été publiées par la LPO et proposent des solutions pratiques afin de protéger les oiseaux tout en gardant les chats en sécurité.

Voici un résumé des principales recommandations issues de cette enquête.

1. La stérilisation : un geste responsable

L’un des conseils fondamentaux de la LPO pour les propriétaires de chats est de faire stériliser leurs animaux. Cela évite non seulement la prolifération incontrôlée des chats, mais permet également de réduire certains comportements qui augmentent le risque de prédation.

Les chats non stérilisés ont tendance à être plus territoriaux et à s’aventurer plus loin de leur domicile, ce qui les amène à entrer plus fréquemment en contact avec des animaux sauvages. En stérilisant votre chat, vous contribuez à limiter la population de chats errants ou sauvages, qui représentent une menace majeure pour les oiseaux.

De plus, la stérilisation présente des avantages pour le propriétaire : elle réduit le marquage territorial et les comportements agressifs, tout en diminuant les risques de maladies chez le chat.

2. La sécurité alimentaire : garder un chat satisfait

Un chat bien nourri est un chat moins enclin à chasser. Il est donc important de veiller à ce que votre chat ait en permanence accès à de la nourriture, tant sèche qu’humide. Un chat affamé ou qui n’a pas un accès régulier à de la nourriture sera plus tenté de suivre ses instincts naturels de chasseur.

Cependant, même un chat bien nourri peut continuer à chasser, car la chasse chez les félins est un comportement instinctif et ne dépend pas uniquement de la faim. C’est pourquoi d’autres mesures doivent être mises en place pour protéger les oiseaux.

3. Garder son chat à l’intérieur aux moments clés

La LPO recommande de garder votre chat à l’intérieur durant certaines périodes sensibles pour les oiseaux. Cela est particulièrement important lors de l’envol des jeunes oiseaux ou en cas de conditions climatiques extrêmes, comme le froid intense, la pluie ou le verglas. Ces moments augmentent la vulnérabilité des oiseaux, car ils sont soit affaiblis, soit désorientés.

En occupant votre chat à l’intérieur durant ces périodes, vous réduisez son impact sur la faune. Offrez-lui des jouets afin de stimuler ses instincts de chasseur, comme des balles, des objets suspendus ou des ficelles. En jouant avec votre chat, vous lui offrez une alternative à la chasse réelle tout en le gardant actif et en bonne santé.

4. Rendre votre chat plus visible

Une autre technique efficace pour protéger les oiseaux consiste à rendre votre chat plus visible. Les chats sont des prédateurs furtifs qui se déplacent silencieusement. En lui mettant un collier de sécurité avec des clochettes ou une collerette colorée, vous donnez un avertissement aux oiseaux, qui ont ainsi plus de chances de s’envoler avant d’être capturés.

Les études montrent que les colliers avec clochettes peuvent réduire de 30 à 50 % le nombre de proies capturées par les chats. Veillez toutefois à choisir un collier de sécurité qui se détache facilement en cas d’accrochage. Cela évitera que votre chat ne se blesse.

Aménager son jardin pour protéger les oiseaux

En plus des conseils concernant les chats, la LPO suggère des aménagements pour sécuriser votre jardin pour les oiseaux. Voici quelques idées pour créer un espace où les oiseaux peuvent se nourrir et se reposer en toute tranquillité. Cela permet également de réduire le risque de prédation par les chats.

1. Créer des zones refuges pour la petite faune

Les oiseaux ont besoin de zones où ils peuvent se réfugier en cas de danger. Vous pouvez créer ces refuges dans votre jardin en plantant des haies denses, en laissant des zones d’herbes hautes ou en construisant des murs en pierres sèches. Ces éléments offrent aux oiseaux des endroits pour se cacher et se protéger des chats.

Les spirales à insectes, les tas de bois ou les buissons fournis en végétation constituent également des abris parfaits pour la faune sauvage. En créant ces zones refuges, vous offrez un environnement où les oiseaux peuvent se sentir en sécurité.

2. Utiliser des dispositifs d’éloignement pour les chats

La LPO a testé divers outils pour éloigner les chats des zones sensibles du jardin sans leur faire de mal. Parmi eux, les grilles « Stop Chat« , hérissées de picots en plastique, permettent d’empêcher les chats de grimper sur les arbres ou les clôtures sans les blesser.

Un autre dispositif est le « Stop Minou« , un tube de PVC ou un entonnoir placé autour des pieds des mangeoires. Cela empêche ainsi les chats de grimper pour atteindre les oiseaux. Ces solutions simples et non-invasives sont idéales pour protéger les oiseaux tout en respectant les chats.

3. Répulsifs naturels et solutions alternatives

La LPO recommande également l’utilisation de répulsifs naturels pour dissuader les chats de s’approcher des zones fréquentées par les oiseaux. Vous pouvez fabriquer un répulsif maison efficace en mélangeant 10 gouttes de citron et 20 gouttes d’huile essentielle d’Eucalyptus radiata dans un litre d’eau. Cette solution, pulvérisée quotidiennement autour des mangeoires et des zones fréquentées par les chats, les éloignera sans les agresser.

Le Coleus canina, une plante réputée pour son odeur répulsive pour les chats. C’est une autre alternative naturelle à planter autour de votre jardin. Les chats évitent généralement cette plante en raison de son parfum désagréable.

4. L’arrosage automatique à détecteur de mouvement

Les chats détestent l’eau. L’utilisation d’un arrosage automatique à détecteur de mouvement peut être une solution efficace pour éloigner les chats. Ce système permet de protéger les mangeoires et les zones sensibles du jardin. Ce dispositif doit être orienté correctement pour éviter de perturber les oiseaux tout en dissuadant les chats de s’approcher.

5. Appareil à ultrasons

Un autre dispositif recommandé par la LPO est l’appareil « Catwatch« , qui émet des ultrasons imperceptibles pour l’homme mais désagréables pour les chats. Ce système, testé et approuvé par de nombreux jardiniers, permet de maintenir les chats à distance sans les blesser.

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Les différents types de chats selon la LPO

Pour mieux comprendre l’impact des chats sur la faune, il est essentiel de distinguer les différents types de chats que l’on rencontre en France. La LPO rappelle ces définitions pour mieux cerner les responsabilités des propriétaires de chats et les enjeux de protection de la faune.

1. Le chat de propriétaire

Le chat domestique classique, nourri, identifié, stérilisé, et sous la responsabilité d’un propriétaire. On estime que la France compte environ 13 millions de chats de propriétaires. Bien que les propriétaires nourrissent généralement bien ces chats, leur instinct de chasseur demeure, et ils peuvent encore causer des dommages importants à la faune locale.

2. Le chat libre

Selon l’article L211-27 du Code rural et de la Pêche maritime, les gens nourrissent, identifient, stérilisent et soignent le chat libre, qui vit à l’extérieur. Il est sous la responsabilité du maire ou d’une association locale de protection des animaux. On capture, stérilise, puis relâche souvent ces chats dans leur habitat naturel pour éviter une prolifération excessive.

3. Le chat errant

L’homme nourrit plus ou moins régulièrement le chat errant. Néanmoins, personne ne l’identifie ni n’en prend la responsabilité. En France, on estime que 8 à 10 millions de chats vivent dans cet état de semi-liberté.

4. Le chat haret ou féral

Le chat haret, ou chat féral, est un ancien chat domestique retourné à l’état sauvage. Il vit et se reproduit librement dans la nature, sans aucun contact avec l’homme. La population de chats harets en France est difficile à estimer. Leur nombre incontrôlé représente une menace importante pour la faune sauvage.

Être un propriétaire de chat responsable

La cohabitation entre chats et oiseaux est possible si les propriétaires sont responsables. En suivant les conseils de la LPO — stérilisation, nourrissage régulier, occupation du chat, et utilisation de dispositifs dissuasifs — vous pouvez protéger les oiseaux. Cela permet également de respecter la nature de votre chat.

La protection des oiseaux nécessite un engagement collectif, et chaque action compte afin de préserver la biodiversité dans nos jardins. Adoptez dès aujourd’hui ces bonnes pratiques pour devenir un propriétaire de chat responsable. Vous contribuerez ainsi à la protection de la faune locale.

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