Les mauvaises herbes… On les chasse, les arrache, les asperge de produits divers; on les maudit, on enrage, mais elles reviennent, toujours. Mais qui sont-elles réellement?
Le terme “mauvaises herbes” fait partie intégrante du langage courant, trahissant la manière dichotomique dont nous semblons envisager le végétal. Il y aurait donc d’un côté les bonnes, et de l’autre les mauvaises. Pourtant, personne ne pourra nier que le terme “mauvais” revêt un caractère subjectif.
Avant de les juger, intéressons-nous quelque peu à leur fonctionnement.
La succession est le processus de transition d’un terrain déstructuré vers un écosystème mature, tel qu’une forêt ancienne. Les espèces pionnières apparaissent lorsqu’un site a été perturbé par une activité humaine comme l’exploitation forestière ou le jardinage, par exemple, ou après une perturbation naturelle comme un incendie.
Après une perturbation, c’est un peu comme le Far West. C’est-à-dire que les espèces se disputent le droit de coloniser une zone perturbée. Les pionnières mettent toutes leurs forces en œuvre pour s’imposer comme une espèce dominante de la zone.
Il est intéressant de noter que les pionniers ont une durée de vie relativement courte. Je suppose que toute cette compétition les épuise. Toute l’énergie que l’espèce pionnière à courte durée de vie déploie pour s’enraciner dans une zone perturbée permet en fait d’amorcer la guérison et la succession écologiques. En d’autres termes, les mauvaises herbes pionnières laissent le monde en meilleur état qu’elles ne l’ont trouvé.
Alors certes, si vous souhaitez avoir une pelouse, ou une prairie, les mauvaises herbes travaillent peut-être à contre-sens de ce qui vous arrange. Car vous cherchez à inscrire la nature dans une temporalité linéaire. Alors que par essence, elle est cyclique. Le processus de succession écologique est évolutif. Il consiste en une série d’étapes devant se succéder chronologiquement dans un ordre fonctionnellement contraint.
C’est-à-dire que nous sommes déconnectés de la réalité du monde végétal. Et que nous souhaitons imposer nos lois et notre mode de pensé sur la nature.
Ainsi, les mauvaises herbes posent apparemment problème aux jardiniers, qui leur livrent une lutte acharnée, certainement à cause de leur caractère “envahissant ”. Selon notre approche, les plantes que l’on cultive devraient s’épanouir là où on l’a décidé, quelle que soit la nature de ce lieu.
Ces herbes folles nous gênent. Elles nous dérangent à tel point que certains ont réussi à trafiquer nos plantes cultivées, en modifiant leur génome, pour les rendre résistantes aux herbicides. De façon à anéantir les plantes sauvages!
Considérez les plantes pionnières – les mauvaises herbes – comme les techniciens d’urgence du monde naturel. Elles colonisent les zones perturbées avec deux objectifs principaux : Arrêter l’hémorragie et réanimer la respiration.
Après une perturbation, la terre nue perd sa couche arable et ses nutriments, qui sont emportés par le vent et la pluie.
Les plantes luttent pour survivre.
La plupart d’entres-elles n’y parviennent pas.
Elles sont incapables de conserver l’humidité dans le sol.
Avec moins d’eau, les micro-organismes du sol luttent pour survivre.
Cette perturbation conduit finalement à la dégradation des sols.
Ces espèces pionnières, qui s’établissent rapidement, viennent à la rescousse du sol. Ces pionnières, comme la Carotte sauvage ou les pissenlits, ont des racines pivotantes profondes. Elles permettent ainsi de maintenir le sol en place et retenir l’eau.
L’humidité préservée permet aux micro-organismes du sol de se multiplier et de commencer leurs procédures invisibles de guérison du sol.
D’autres espèces pionnières sont des plantes couvre-sol à racines peu profondes, qui cherchent à couvrir le sol nu, c’est-à-dire la blessure, comme un pansement et à la protéger des éléments pendant qu’elle guérit.
Dans le monde naturel, l’équivalent de la réanimation consiste à pomper des nutriments dans le sous-sol pour les envoyer vers le sol. Une fois leur mission terminée, les espèces pionnières à la production vigoureuse créent alors une biomasse riche en nutriments, qui va nourrir le sol. Cette biomasse en se décomposant va crée peu à peu un terre végétale, et les prémices d’un sol qui va ensuite pouvoir accueillir des plantes de plus en plus développées.
Les mauvaises herbes nourrissent et enrichissent le sol, et parfois également les humains. En effet, un certain nombre d’entre elles ont également des propriétés médicinales. Voici 7 plantes sauvages pour faire pousser votre propre pharmacie de jardin.
Si la présence de mauvaises herbes (espèces pionnières) peut indiquer l’état d’un écosystème particulier, elles peuvent également nous renseigner sur la santé et la maturité de nos jardins.
Si vous avez beaucoup de mauvaises herbes, cela peut indiquer que le sol n’est pas suffisamment protégé et qu’il » se vide » de ses nutriments.
Par exemple lorsque la terre arable est exposée au soleil, les organismes bénéfiques du sol s’en vont vers des températures plus fraîches, et nos légumes ne bénéficient plus de la contribution des organismes du sol indispensables à la croissance de plantes saines et résistantes.
Je protège de préférence toutes mes planches de culture avec du paillis végétal ou avec de la paille. Bien que je ne prétende non plus que mes cultures soient toujours parfaitement recouverte. Néanmoins, en protègent le sol avec du paillis, je supprime le besoin des espèces pionnières de protéger le sol. De sorte que les mauvaises herbes apparaissent moins souvent.
Si le sol n’a pas été protégé pendant un certain temps, il a besoin de nutriments pour relancer ses propres propriétés d’auto-guérison. Les « mauvaises herbes » pionnières peuvent nous aider à fertiliser gratuitement !
L’une des techniques les plus efficaces pour recycler les mauvaises herbes est de les utiliser en mulch ou mulching. Identique au paillage, cette méthode consiste à déposer les mauvaises herbes coupées au pied des plantes. Elle est idéale pour conserver l’humidité du sol et pour le nourrir.
Plutôt que d’arracher les mauvaises herbes vertes et de les envoyer à la poubelle (en perdant définitivement leurs nutriments), ou pire, de les pulvériser avec un herbicide (qui peut contaminer votre bac à compost ou votre sol), utilisez les mauvaises herbes à votre avantage. Coupez-les au ras du sol environ une fois par mois et placez leurs feuilles vertes directement sur le sol. De cette façon, les adventices protègent le sol (elles arrêtent l’hémorragie) et le fertilisent (elles le ressuscitent en lui apportant des éléments nutritifs).
Il y a certainement des mauvaises herbes qui sont gênantes. Personnellement, je déteste les mauvaises herbes rampantes. Mais un grand nombre de mauvaises herbes sont des pionnières importantes qui nous aident à soigner le sol de notre jardin.
Coupez les mauvaises herbes une fois par mois pour vous assurer qu’elles ne montent pas en graines et ne font pas d’ombre aux plantes potagères. Lorsqu’une zone est suffisamment fertilisée ou enrichie d’un élément particulier que la mauvaise herbe apporte, celle-ci meurt généralement d’elle-même.
Lorsque je coupe les mauvaises herbes, je les place ensuite directement au sol pour qu’elles puissent se composter sur place. Vous pouvez pratiquer la technique du Chop and Drop – « attraper et déposer » – qui consiste à arracher des herbes dites indésirables, ou tailler des arbres et arbustes à croissance rapide, et laisser les feuilles, tiges et branches sur place. La consoude est de plus en plus plébiscitée pour remplir ce rôle : cette vivace se taille plusieurs fois dans l’année et fournit donc quantité de matière, en plus de vous faire profiter de ses vertus médicinales et de son intérêt nutritionnel.
Si une zone du jardin semble être envahie par les mauvaises herbes de manière, je considère que c’est une indication qu’elle a besoin d’être nourrie. Pour maintenir son jardin en bon état et éviter les mauvaises herbes, le recours à des plantes tapissantes est vivement conseillé. Ces plantes permettent de régénérer la terre du potager, et de fournir des engrais naturels, sans avoir besoin de recourir à des ajouts chimiques.
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