Principe 11 – Utiliser les bordures

L’image associée à ce principe est un soleil se levant à l’horizon avec une rivière en premier plan. Il nous montre un monde composé d’interfaces et de bordures.

Les estuaires constituent une interface complexe. Situées entre le continent et la mer c’est un genre d’immense marché écologique entre les deux grands milieux. L’eau peu profonde laisse passer le soleil pour la croissance des plantes et des algues. Ainsi elle constitue le biotope où les échassiers et d’autres oiseaux viennent se nourrir.

Dans les milieux naturels, les interfaces (zones de rencontre entre deux systèmes) sont souvent des lieux divers et créatifs. Pensons aux estuaires ou aux lisières de forêts.

Dans chaque écosystème terrestre, la partie vivante du sol, parfois à peine profonde de quelques centimètres, constitue à la fois une bordure et une interface entre les couches minérales inertes et l’atmosphère. Pour toute vie terrestre, l’humanité incluse, il s’agit de la plus importante de toutes les interfaces. Seules quelques espèces rustiques parviennent à se développer dans un sol peu profond, compacté et mal drainé, où l’interface est insuffisante. Un sol profond, bien drainé et aéré est comme une éponge, une formidable interface qui alimente une vie végétale féconde et vigoureuse.

Les arts martiaux orientaux considèrent la vision périphérique comme un sens essentiel. Ce dernier nous relie au monde d’une autre façon que la vision focalisée.

La valeur et la contribution des interfaces, ainsi que les aspects en bordures, marginaux et invisibles, doivent non seulement être reconnus et préservés, mais que l’extension des interfaces peut augmenter la productivité et la stabilité du système. Par exemple, élargir la zone d’interface entre un champ et un étang peut augmenter la productivité des deux. De même les cultures en allées et les haies brise-vent sont des systèmes dans lesquels l’élargissement de la lisière entre le champ et la forêt a contribué à augmenter la productivité.

Le proverbe associé a ce principe est « La bonne route n’est pas toujours la plus fréquentée ».

Il nous rappelle que les idées les plus communes, évidentes et populaires ne sont pas nécessairement les plus pertinentes.

En permaculture, les interfaces que se produisent les phénomènes les plus intéressants, qui sont souvent les plus enrichissants, les plus diversifiés et les plus productifs dans un système. Ainsi, quand on commence à établir notre conception, il est important d’identifier de quelles natures sont les bordures. Sont-elles physiques? Sont-elles géographiques ? topographique ? De quelle nature sont-elles ? S’agit-il d’un cours d’eau ? D’une haie ? Ou alors sont-elles personnelles, éthiques, culturelles…? Ou alors est-ce des limites légales du projet? 
Les informations collectées vont nous aider à fournir des stratégies pour produire sur ces marges et ainsi maximiser l’usage de ces espaces.

Source : Principles & Pathways Beyond Sustainability de David Holmgren
Marie

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