JARDINAGE NATUREL

Le trèfle blanc : tantôt allié du gazon, tantôt mauvaise herbe

Au fil des siècles, le trèfle blanc (Trifolium repens) a connu une histoire fascinante. Il est passé d’un composant essentiel des pelouses à une mauvaise herbe à éliminer, avant de redevenir un précieux allié du gazon. Comment en sommes-nous arrivés là ? Lisez la suite pour en savoir plus !

Le trèfle blanc : 500 ans de popularité

Depuis l’émergence des pelouses à la Renaissance, le trèfle blanc a toujours été présent aux côtés des graminées dans les plus beaux gazons du monde. Jusque dans les années 1950, il était courant d’inclure des graines de trèfle dans les mélanges de semences pour gazon.

Au 14e siècle, bien que l’on ignorait pourquoi les graminées poussaient mieux en présence de trèfle, la différence était évidente. Les pelouses parsemées de trèfle étaient plus verdoyantes, résistaient mieux à la sécheresse, aux ravages des insectes et étaient moins envahies par des plantes indésirables comme les chardons.

Aujourd’hui, nous comprenons mieux pourquoi les gazons composés de graminées et de trèfle sont si réussis. En tant que légumineuse, le trèfle vit en symbiose avec des bactéries fixatrices d’azote qui rendent l’azote atmosphérique disponible pour le trèfle et les plantes voisines. Cela stimule la croissance des graminées même en l’absence d’engrais et contribue à un gazon plus dense, laissant moins de place aux plantes indésirables.

Le trèfle possède également des racines profondes, ce qui lui confère une meilleure tolérance à la sécheresse que la plupart des graminées. Il reste vert même en période de sécheresse et résiste bien aux intempéries. De plus, sa croissance modeste ne nécessite pas une tonte fréquente.

En outre, le trèfle attire peu d’insectes nuisibles et ses jolies petites fleurs blanches ajoutent à son attrait esthétique. Pendant les premières années, le trèfle n’était pas considéré comme une mauvaise herbe. En effet, il était davantage considéré comme un élément essentiel d’une pelouse en bonne santé.

Le trèfle blanc : de précieux allié à mauvaise herbe

Dans les années 1950, la multinationale Dow Chemical a développé l’herbicide sélectif 2,4-D, capable de tuer les mauvaises herbes à feuilles larges sans nuire aux graminées. Cependant, il tuait également le trèfle apprécié des jardiniers. Les entreprises ont alors lancé une campagne publicitaire intensive pour convaincre les propriétaires que le trèfle blanc était une mauvaise herbe à éliminer.

Il a fallu un certain temps pour convaincre les jardiniers expérimentés d’abandonner le trèfle. Le Dr R. Milton Carleton, qui a introduit le 2,4-D sur le marché, a écrit à ce sujet :

«L’idée que le trèfle blanc puisse être une mauvaise herbe sera tout un choc pour les jardiniers expérimentés. Je peux me souvenir que la qualité des mélanges de semences à gazon était jugée par le pourcentage de graines de trèfle qu’ils contenaient. Plus ce nombre était élevé, meilleur était le mélange… Je me rappelle que, jusqu’à récemment, les jardiniers entretenaient avec soin leurs pelouses de trèfle. Le regard satisfait sur le visage du propriétaire fier dont la pelouse était la plus belle du voisinage était vraiment quelque chose d’unique.»

Traduit de New Way to Kill Weeds in Your Lawn and Garden, de R. Milton Carleton, 1957. Arco Publishing Co., N.Y.

Cependant, selon le Dr Carleton, les temps avaient changé et il était temps d’abandonner le trèfle comme élément d’un beau gazon et de se tourner vers les herbicides.

Le trèfle blanc : un retour en grâce

Après plus de 50 ans d’utilisation, les herbicides miraculeux du Dr Carleton se sont révélés être des tueurs silencieux, causant d’importants dommages à notre environnement. De nombreux pays ont interdit leur utilisation, et il semble désormais temps de reconsidérer le trèfle comme un élément bénéfique, voire indispensable, pour une belle pelouse.

Malgré cela, il est difficile d’effacer 50 ans de mensonges. Les entreprises de traitements de pelouse ont si bien réussi leur propagande que la plupart des gens considèrent encore le trèfle comme une mauvaise herbe lorsqu’il pousse dans le gazon. Il sera difficile de les convaincre du contraire.

Cependant, l’idée progresse et de plus en plus de propriétaires sont de nouveau fiers de leurs pelouses avec du trèfle. L’été dernier, dans l’est du Canada, des gazons composés uniquement de graminées ont été presque détruits par la sécheresse, la canicule et les infestations d’insectes, tandis que les gazons riches en trèfle des terrains voisins sont restés en excellent état. Ces pelouses verdoyantes ont suscité bien des envies !

En effet le trèfle blanc a de nombreux avantages. Parmi eux :

  • Faible entretien : Il nécessite moins de tonte que les graminées.
  • Résistance à la sécheresse : Il tolère bien la sécheresse.
  • Enrichissement du sol : Il fixe l’azote, améliorant ainsi la qualité du sol.
  • Attraction des pollinisateurs : Il attire les abeilles et autres pollinisateurs.
  • Résistance aux parasites : Il est moins sensible aux maladies et parasites.
  • Réduction des mauvaises herbes : Il étouffe naturellement les mauvaises herbes.
  • Tolérance au piétinement : Il résiste bien au piétinement et à la circulation.
  • Moins d’engrais : Il n’a pas besoin de beaucoup d’engrais pour rester en bonne santé.
  • Belle apparence : Il offre un aspect vert et dense à la pelouse.
  • Économies d’eau :Il nécessite moins d’arrosage que les graminées traditionnelles.

Conclusion

En somme, le trèfle blanc a traversé les époques en connaissant des hauts et des bas. Aujourd’hui, il est temps de reconnaître ses bienfaits pour les pelouses et de l’intégrer à nouveau dans nos jardins pour un gazon sain et résilient.

Marie

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