Le guano est un formidable engrais naturel. Il est produit par les oiseaux marins et les chauves-souris, a une histoire fascinante et parfois sombre. Découvrons son passé tumultueux, de l’Éldorado péruvien à la guerre du guano.
Au début du XIXe siècle, le Pérou fait une découverte remarquable ! Certaines de ses îles sont recouvertes de près de 40 m de guano, résultat de siècles d’activité des oiseaux marins. Cette abondance de guano devient alors une ressource d’une valeur inestimable pour le pays. C’est alors que l’exploitation de cette ressource devient une priorité, offrant une opportunité d’importants revenus pour le pays. Les îles Chincha, situées au large de la côte péruvienne, deviennent le site principal d’exploitation du guano. Le sol imperméable de ces îles, combiné à la faible pluviométrie, a permis l’accumulation de quantités massives de guano. Les oiseaux marins trouvaient une abondante source de nourriture dans les eaux environnantes, contribuant à la production de guano.
Les travailleurs recrutés pour extraire le guano étaient souvent originaires du sud de la Chine. Ils travaillaient dans des conditions dangereuses et insalubres. Ainsi, de nombreux travailleurs ont perdu la vie sur le chantier ou se sont suicidés en se jetant des falaises. Leurs conditions de vie étaient déplorables, vivant dans des taudis. De plus, certains travailleurs n’ont même pas vu les côtes péruviennes, car ils sont morts à bord des navires qui les transportaient vers cette « terre promise ».
Toutefois, il ne pouvait pas être utilisé tel quel, car il était trop puissant et brûlait les plantes. Par conséquent, les bateaux acheminaient la matière première vers des ports comme San Francisco, où des unités de transformation étaient construites. L’engrais était ensuite conditionné en gros sacs avant d’être expédié par voie ferrée vers les régions agricoles des États-Unis et d’autres pays. Des usines similaires existaient également à Agadir (Maroc) ainsi qu’en France métropolitaine.
En 1862, des aventuriers ont été mandatés pour chercher de la main-d’œuvre dans les îles océaniennes, en particulier en Polynésie, pour pallier le manque de bras sur les sites d’exploitation. Cette pratique a entraîné l’enlèvement et la déportation de milliers de Polynésiens, dont certains sont morts en route ou dans des conditions horribles sur les îles du guano. Des bateaux affrétés par le gouvernement péruvien ont « recruté » environ 3600 Polynésiens, dont un tiers avait été embarqué de force.
En 1864, l’Espagne s’est emparée des îles Chincha, déclenchant la guerre du guano, la première guerre du Pacifique. Cette guerre a impliqué l’Espagne, le Pérou, le Chili, la Bolivie, l’Équateur et s’est terminée par un retrait espagnol en 1866 et un armistice signé à Washington cinq ans plus tard.
Cependant, il est à nouveau exploité au Pérou, de manière encadrée, pour l’agriculture biologique. Il reste un fertilisant très précieux, qui permet d’augmenter considérablement les rendements agricoles sans l’utilisation de produits chimiques.
Cepandant, la réglementation de l’exploitation de cet engrais naturel reste néamoins essentielle.
Bref, l’histoire du guano est riche en rebondissements! Aujourd’hui, il continue de jouer un rôle important dans l’agriculture biologique tout en soulignant la nécessité de protéger les écosystèmes marins qui le produisent.
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